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Ce qui reste du catholicisme français

  • Fr. Guy

Au sujet d'un nouveau livre de Jean-Pierre Denis

Jean-Pierre Denis, Un catholique s’est échappé, Cerf 2019, 185 p.

Jean Pierre Denis, journaliste, directeur du magazine La Vie, sait de quoi il parle quand il porte son regard sur ce qui reste du catholicisme français. De l’avis général, une religion en voie d’évaporisation.  

Son père mourant le pria avant de fermer ses yeux de lui montrer le chemin, au milieu des ruines et des gravats. Cette ultime supplique paternelle encouragea le fils à sortir du bois, passer du silence à l’attestation, autrement dit, se déclarer catho sans honte ni reproche.

Mais sans prosélytisme aussi.

Denis avoue ne rien vouloir transmettre, mais donne simplement ce qu’on lui demande ou ce qu’il croit déceler comme demande.

Dans une société « fluide », désacralisée et spirituellement anémique, des millions d’humains, sans même qu’ils ne le crient, ont faim d’un Dieu qui ne s’écrit plus dans leur langue. Le journaliste veut répondre à cette attente inexprimée et encourage les derniers cathos pratiquants à sortir à leur tour de leur ghetto cadenassé pour conduire à la source d’eau vive tant d’hommes et de femmes qui, à l’image de son père, n’en connaissent pas ou plus le chemin.

Une démarche qui ne va pas de soi.

Sept tentations retiennent les « vieux croyant ». Tout d’abord le déni de la crise ecclésiale, puis la croyance naïve à l’éternel retour des beaux jours.  La tentation peut aussi revêtir le froc de l’auto-complaisance : nous sommes les meilleurs, à quoi bon nous soucier des autres ? Mais encore la  séduction d’un catholicisme social et politique identitaire à la Maurras, mais sans Dieu. Ou l’enfermement complaisant dans des rites saisonniers folkloriques. A moins qu’on ne cède à l’attrait d’une sécularisation tranquille qui dilue la foi en « valeurs » anonymes, fades et sans reliefs. Et pour finir, la pire tentation, celle du découragement pleurnicheur, alors qu’il y a tant de ressources inexploitées et de trésors cachés dans le subconscient catholique. Et l’auteur se plait d’explorer cette mine oubliée : petits clochers romans qui émergent d’un village inhabité, quelques bons petits saints et saintes qui dorment sur les pages jaunies des almanachs et des calendriers.

Jean-Pierre Denis, c’est certain, agacera quelques lecteurs. Il en a pris son parti, situant avec précision son poste d’observation: « Pour ma part, je me sens de moins en moins apte à arbitrer les élégances. Je préfère me retirer sur la pointe des mots. Habiter quelque part entre l’admiration sans adulation, la critique bienveillante et le silence sans abdication ».

Du haut de son mirador, face à la jungle ou la toundra catholique, notre journaliste sourit et, comme il l’avait fait pour son père, lève l’index et nous montre un chemin.

Jessé, vitrail, Notre-Dame de Paris (Sharon Mollerus, Flickr)

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