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Charles et Yvan

  • Fr. Guy

Quelque part à Nazareth

Dimanche 15 mai, canonisation romaine de Charles de Foucauld. Son icône flottera sur la façade de la Basilique St-Pierre. Le « petit frère universel » se serait bien passé de cet hommage public. Cette canonisation n’ajoute rien à sa sainteté qui se situe à un autre niveau : imiter Jésus dans la discrétion et l’humilité d’un atelier de Nazareth, bled obscur de Galilée d’où aucun prophète ne pouvait provenir aux dires des théologiens de Jérusalem.

Charles lui aussi voulait demeurer caché, alors que tout le monde ou presque connaît aujourd’hui son étonnante trajectoire de vie. Comment cet orphelin vécut en dilettante la carrière militaire que son grand-père avait choisie pour lui, comment ensuite il révéla ses aptitudes d’explorateur dans ce Maghreb où il allait vivre et mourir.

Sa conversion allait donner un autre cadre à ses compétences scientifiques. Non pas un amphithéâtre ou un laboratoire de recherches, mais l’intimité d’une population dont il voulait partager le dénuement. Il mit du temps à la découvrir. Jusqu’au jour où il parvint chez les nomades Touaregs. Il les aima comme Jésus l’avait aimé lui-même. Y compris à travers une mort violente qui survint à Tamanrasset le 1er décembre 1916.

La mort et la vie de Charles ont créé une onde de chocs. Des centaines d’hommes et de femmes ont tenté de mettre leurs pas dans les siens. De cette multitude, je n’évoque que le souvenir d’un seul : Yvan Stern.

J’ai connu Yvan journaliste, cinéphile et édile de sa cité. Un jour, il avait atteint la cinquantaine, il surprit ses amis en leur annonçant son entrée dans une famille religieuse qui voulait marcher sur la voie ouverte par Charles. Ce fut l’Algérie, puis la kasbah de Marrakech où je le retrouvai quelques années plus tard. Yvan habitait un gourbi loué à des voisins et s’initiait à la ferronnerie auprès d’artisans marocains qui avaient leur atelier sur le trottoir. Un tabernacle sous le toit, havre de prière silencieuse et solitaire, alors que s’engouffraient dans une minuscule chapelle les cris de la rue et la rumeur du voisinage.

Je n’en dirai pas davantage, si ce n’est que nous recevions il y a trois ans les cendres d’Yvan dans l’église de sa ville natale. Il avait succombé à une maladie qui ne pardonne pas.

Pas plus que Charles, Yvan ne fut missionnaire, mais « débroussailleur » ou « défricheur », comme l’ermite du Sahara aimait se désigner lui-même. Avant d’enseigner le catéchisme et prêcher, il est urgent d’apprendre à aimer.

En savoir plus :

En 2016, à l’occasion du centenaire de la mort de Charles de Foucauld, le frère Guy Muy avait rédigé une petite plaquette. Vous pouvez la consulter en cliquant sur ce lien.

Photo de Charles de Foucauld dans le Hoggar. Wikipédia.

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