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Chemin de croix

  • Fr. Guy

Quelques méditations originales pour ce Vendredi saint

Chers amies et amis,


Je ne veux pas vous distraire mais vous communiquer les réflexions que je veux développer lors du chemin de croix de ce prochain Vendredi Saint 29 à midi en l’église St-Paul de Genève.


Et surtout, vivons la résurrection. Alleluia.


Guy Musy

Chemin de croix

1e station : Jésus est condamné à mort

Nous sommes des condamnés à mort en sursis…mais nous  en ignorons la date et parfois la cause. Badinter n’y peut rien.

Pour Jésus, mourir, comme le grain tombé en terre, c’est porter du fruit. Un fruit qui demeure et ne se corrompt plus.

Prière pour ceux et celles sur lesquels on a prononcé un verdict de mort imminente.  Agressions de la maladie ou des hommes     

 

2e station : Jésus est chargé de sa croix

Qui n’a pas de croix à porter ? Maladie, handicap, un être proche ? Que sais-je encore ?

Une croix non choisie, mais qui pèse lourd comme une charge.

Vous qui ployez sous le joug, venez à moi. Je vous soulagerai, car mon joug est doux et mon fardeau léger. Souffrir et se savoir aimé, voilà ce qui nous sauve.

Mieux encore : aimer celui ou celle qui pèse sur nous. L’amour adoucit et rend acceptable ce que nous voudrions rejeter.


3e station : Jésus tombe sous le bois de la croix

Une chute. Le Vallon connaît les victimes de ces premières chutes  sournoises et inattendues, On les dit légères, sans importance, guérissables.

Erreur. C’est le début d’une inquiétudes, souvent entretenues par l’entourage. Attention, tu risques de tomber !

Chute physique, mais alors chute morale ! Source de  honte, d’échec, de déchéance. Comment ai-je été capable de tomber si bas ? Comment en suis-je arrivé là ?

Jésus tombe sous le poids de sa propre croix. Mais il se relève et relève avec lui tous les déchus et les déçus que nous sommes. Il nous apprend que nous sommes fragiles, vulnérables. Ce n’est pas une raison pour désespérer.

Marie-Jo Thiel : Plus forts parce que plus vulnérables. 



4e station : Jésus rencontre sa Mère

Silence des évangiles sur cet épisode, Jean toutefois situe Marie au pied de la croix, mais non pas sur chemin qui y conduit. Pourquoi ?

Difficile d’imaginer Marie encourageant son fils à souffrir et mourir cruellement. Difficile aussi d’imaginer Jésus offrant à sa mère le spectacle de son supplice. On ménage ceux qu’on aime.

Plus généralement, visiter Cf. Mt.25. Je peux l’affirmer moi qui souvent bénéficie au Vallon de ce genre de soulagement. Surtout s’il provient de personnes qui me sont chères et si ces visites ne relèvent pas du devoir à accomplir ou de la convenance. Si c’était le cas, elles ne dureraient pas longtemps. Je les estime comme des portes ou des fenêtres ouvertes qui brisent ma solitude.  Ce que je ressens doit aussi valoir pour les autres pensionnaires du Foyer ou pour tout malade. 

Une  résolution ? Porter en commun nos souffrances et nous conforter mutuellement.


5e station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix

On parle de cet épisode dans les évangiles, Simon est un proche-aidant, un paysan qui rentre chez lui sur le coup de midi. Après un dur travail dans ses champs, Il aurait droit de manger et de se reposer. Non. On le réquisitionne pour porter la croix d’un condamné qui de toute façon doit mourir dans les heures qui suivent.

Notre Simon, bien malgré lui, est associé aux bourreaux. Mais, sans discuter et sans juger, il aide la victime. Il ne se demande pas si cela vaut la peine de le faire ni si elle mérite ce supplice. Il fait ce qu’il peut faire et ce n’est pas rien.

Et nous ? Ne laissons pas tomber nos bras face à toute souffrance et misère. Même si nous avons l’impression de ne servir à rien. 


6e station : Véronique essuie la face de Jésus

La piété populaire  chrétienne fait de Véronique non seulement un joli prénom (véritabale image ou icône authentique) une station du chemin de croix qui imagine une pieuse personne éponger de son voile le visage sanglant et tuméfié de Jésus.

Malheureusement (?) l’original a disparu. De même que le portrait de la Vierge Marie brossé, dit-on, par Luc, l’évangéliste Luc.

Mais le geste est touchant et se répète aujourd’hui par ceux et celles qui s’approchent de malades dont la sueur couvre le visage. Expression de soulagement et de compassion. Surtout, de proximité.

Un chant : « Je cherche le visage du Seigneur… ». Pas forcément le « beau Christ d’Amiens », ni celui qui se cache dans les profondeurs de notre cœur. Ce peut être aussi le visage humilié d’un pauvre et d’un souffrant. Comme Jésus, il attend sa Véronique pour le réconforter.     


7e station : Jésus tombe pour la seconde fois.

Tomber pour la première fois peut être supportable. Un accident est si vite arrivé. Mais récidiver l’est moins. L’amour propre en prend un sérieux coup. Le courage aussi. Le désespoir est proche.

Jésus accepte cette  Il n’a pas la figure du héros qui marche fièrement et vaillamment vers sa fin. Le Christ n’est pas un Apollon. Rien de commun entre le récit de sa crucifixion et celui de la lapidation de son disciple Etienne. Une couronne d’épines pour Jésus ; une couronne de gloire pour Etienne.

Sur son chemin de croix, Jésus ressemble au petit que l’on méprise et qui est à bout de souffle.


8e station : Jésus console les filles de Jérusalem

Jésus n’apprécie pas les rites funèbres et encore moins l’hypocrisie. Il écarte de son chemin de croix les pleureuses professionnelles de Jérusalem, comme il chassa les marchands hors de la maison de son Père.

Mais son geste est aussi un enseignement. « Balayez les ordures qui sont devant votre porte avant de vous préoccuper de celles de vos voisins. Ote la poutre de ton œil avant de te préoccuper de la paille qui est dans l’œil de ton voisin ».

Un appel à la sincérité du cœur à laquelle devrait correspondre la vérité des gestes. Autrement dit, abstenez-vous de verser des larmes de crocodiles. Soyez vrais avec Dieu, avec les humains et avec vous-mêmes. Je vous ai montré l’exemple de ce que devrait être le vrai culte et la vraie piété.     


9e station : Jésus tombe pour la 3e fois

Pour la troisième ou pour la énième fois ? Ce qui est certain est qu’il ne se relèvera plus. Ecrasé par les plaies et la fatigue. Il ne se relèvera qu’hissé à la poutre  sur laquelle il a été cloué ou attaché. Ou lors dans deux jours quand il se relèvera du tombeau.

Il nous arrive de désespérer de la guérison d’un malade qui nous est cher. Et nous disons après notre dernière visite : Je ne le reverrai plus debout. Autrement dit, je ne le reverrai plus vivant.

Peut-être. Mais que faisons-nous de notre foi en la résurrection ?  « Je crois en la résurrection des morts ». L’article le plus oublié ou le plus effacé de notre Credo (dixit Anne Soupa).

Chrétien souviens-toi qu’il n’y a pas de chute finale si tu crois à la résurrection. Même si un pénible chemin de croix la précède. La résurrection finale est ton unique horizon. Y crois-tu ?   


10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

Nu sorti du sein de sa mère, Jésus entre nu dans le sein de son Père. Nouvel Adam, il n’a pas de feuilles de figuiers pour cacher sa nudité.

« Voici l’homme » le présentait Pilate tout à l’heure à une foule en furie qui ne voulait plus le voir. « Passez donc, il n’y a rien à voir, si ce n’est un homme nu couché sur une croix qui lui sert de lit. »

Ma prière pour tous les humiliés, les déshonorés, hommes et femmes, grands ou petits.


11e station : Jésus est attaché à la croix

Cloué ou attaché ? Une nuance qui n’est pas que littéraire.

Exposé, ce qui est certain, au public ou à la populace. Injurié, ridiculisé, même par les suppliciés qui vont  mourir à ses côtés. Parfois un geste de miséricorde, comme cette éponge vinaigrée qu’on approche de ses lèvres. Un anesthésiant ? Jésus y renonce après en avoir goûté.

Plus que tout, ses paroles émises du haut de sa croix et que les évangiles ont conservées : « Père, pardonne-leur ; ils ne savant ce qu’ils font. -  Pourquoi m’as-tu abandonné ? – Aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis. - Tout est consommé »

Et nous répondons : « Pitié pour ceux qui meurent et font mourir ! »


12e station : Jésus meurt sur la croix

Ses disciples ont compris sa mort comme la délivrance de leur propre mort. Puisque le crucifié ressuscité ne meurt plus. De même, tous ceux qui meurent et ressuscitent avec lui.

Mais avant d’expirer, Jésus dicte des directives anticipées.  Jean, le disciple bien-aimé, devient le fils adoptif de Marie. Cette femme devient donc mère de l’Eglise représentée par Jean. De là, peut-être, la coutume de glisser une croix dans les doigts d’un défunt chrétien pour rappeler ce deal.

Quand je serai élevé, j’attirerai tout le monde à moi. Ma croix est aussi ma glorification.


13e station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère

Une station qui immortalise la « pietà », un sujet si souvent reproduit par des artistes sur la toile ou dans la pierre. Une image conservée dans la chambre de mes parents.

La mort ne rompt pas les liens familiaux. Au-dessus de mon lit, la photo de mes parents. Mort, je ne reposerai pas dans leurs bras. Mais je sais que là où ils sont ils veillent sur moi,

Toutes les mères n’ont hélas pas la même chance que la mienne. Je pense à ces femmes de Gaza, d’Ukraine et d’autres lieux de violence qui pleurent un enfant ou un époux que la mort vient de leur ravir sans ménagement.

Notre prière pour elles aussi.


14e station : Jésus est mis dans le sépulcre

En ce temps-là, on enterrait encore les morts. Le corps de Jésus n’échappe pas à ce rite. Des amis ou des admirateurs du Galiléen se présentent. Joseph d’Arimathie lui fait l’honneur de son tombeau personnel déjà creusé en l’attendant. Des femmes guettent l’endroit pour achever l’embaumement dès les premières lueurs du jour qui suivra le sabbat. Tout se prépare pour qu’éclate la joie de Pâques ! La mort n’aura pas le dernier mot !

Alléluia !

 

Cette image a été créée avec l'aide de DALL·E

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