Choisis la vie !

J’écoute avec plaisir une conférence de Timothy Radcliffe retransmise d’Oxford à l’intention du « petit reste » des pèlerins du Rosaire rassemblés ces jours autour de la Grotte de Lourdes. Une conférence qui reprend l’essentiel d’un livre de l’ancien Maître de l’Ordre des Pêcheurs dont la version française vient de paraître aux Editions du Cerf.

« Choisis la vie ! » nous exhorte ce cher Timothy, alors que nous végétons « in umbra mortis ». Est-ce la thérapie du bon docteur Coué ou un message paradoxal d’espérance qui décèle un rais de lumière au cœur d’une sombre nuit ? 

« Temps de crise, temps de croire ». C’était le titre choisi par le prêtre genevois André Fol pour son journal de malade cancéreux. La crise serait-elle porteuse de foi ?

Timothy relève trois solitudes générées par le confinement viral. Chacune pourrait s’avérer un jour positive.

Tout d’abord, l’épreuve de la distance sociale. Finalement, cette souffrance nous met sur le chemin de la découverte de notre être profond.

Puis, la solitude eucharistique qui nous prive de la recevoir physiquement, mais, grâce aux médias qui la célèbrent virtuellement, nous voici reliés aux foules qui se tiennent sur le parvis de nos églises et même très loin du parvis. Par la vertu d’internet, l’eucharistie devient vraiment « catholique », universelle au sens littéral de ce terme.

Enfin, la solitude de la mort dans les hôpitaux, les EMS, les cimetières et centres funéraires. Célébrations d’adieu à la va-vite, trépas presque oubliés, en l’absence d’êtres chers.

Le vivant se désagrège avant même qu’il ne retourne à la poussière. Mais le feu couve sous la cendre et la vie dans le grain qui meut en silence, enfoui au plus profond de la terre.