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Cœur à cœur avec Dieu

  • Fr. Guy

Prière oubliée remise au goût du jour

Edouard Divry : Le retour au cœur . Editions du Cerf, 2023, 206 pages.

Le frère dominicain Edouard Divry, de la Province de Toulouse de l’Ordre des Frères Prêcheurs, multiplie les diplômes de théologie universitaire. Mais il est aussi aumônier de prison et prédicateur de retraites, pour les jeunes en particulier. Des mondes assez différents. En dépit de ses titres académiques qu’il ne fait pas autrement valoir, ce frère recherche et propose une voie d’accès au divin plus simple et plus directe : celle du cœur. Son but : « comment laisser retentir cet appel de revenir à son cœur en risquant une nouvelle approche de l’Ecriture et de la Tradition sur le thème si riche du cœur, thématique universelle. (…) Ce sera un livre de spiritualité et non d’exégèse. Mon but est de pénétrer les cœurs plutôt que d’expliquer les mots. » Nous voilà donc clairement avertis. « Revenez à moi de tout votre cœur ». On ne cesse de nous chanter ce refrain au cours du Carême. Mais de quel cœur et de quel Dieu parle-t-on ? Laissons la parole à notre frère Edouard. Son nom s’inscrit dans la liste des nouveaux théologiens « spirituels » dont notre monde désaxé a cruellement besoin. Il n’est pas indifférent de savoir que sa pensée se situe dans la ligne de la théologie du pape Benoît XVI qu’on ne saurait taxer de niaiserie, bien que certains « esprits forts » de notre temps soient tentés de le faire. Ce livre comprend deux parties d’inégales longueur et importance. La première, intitulée « Théologie fondamentale du cœur », se propose de remettre les pendules à l’heure. Pour notre auteur la formation ou la reformation chrétiennes devient une nécessité. Elle précède tout appel à la vie spirituelle. Il s’agit de rebâtir la maison sur ses fondements. C’est l’objectif du premier chapitre, bref et accessible. Il porte sur l’anthropologie théologique du cœur humain en s’appuyant sur la Bible. Cette réflexion tente de répondre à la question : qu’est-ce qu’un cœur ? La deuxième partie propose un itinéraire spirituel en cinq temps (chercher Jésus – s’approcher de Jésus – accueillir Jésus – suivre Jésus – se reposer sur le cœur de Jésus). Un patrimoine inépuisable que l’on retrouve en demeurant fidèle à Jésus et à l’Eglise qui est son corps. Celui qui s’est fourvoyé pourra à nouveau boire à cette source vivifiante. Elle lui permettra d’abord de chercher Dieu, puis d’accueillir le Christ pour reposer enfin sur le cœur de Jésus. « Venez à moi vous tous qui ployez sous le joug et je vous donnerai le repos. Car je suis doux et humble de cœur. » Et notre frère d’ajouter cette réflexion que certains de ses lecteurs contemporains estimeront peut-être démesurément apologétique : « Quoi de plus stimulant en ce temps dépourvu de finalité, dans ce monde avare de réalisations authentiques, avide cependant de mystique, mais incapable de donner de l’espérance à des milliers de jeunes qui, de manière cohérente avec les tactiques du monde, demandent, bizarrement à nos yeux, la vraie vie au suicide ». (op.cit. passim). On retrouve sous ces mots l’ami et le confident de beaucoup de jeunes de notre époque. Je ne crois pas trop me tromper en pensant que c’est pour eux que le frère Edouard a rédigé cet ouvrage. Il le dit lui-même : « L’objectif de ce livre se résume à vouloir redonner de l’espérance afin que la vraie vie triomphe d’obstacles récurrents » (op.cit. p.12) Et de citer Paul en conclusion de son introduction : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ! » et même le pape Paul VI : « Dans la diversité des langues de chair, la langue de la foi du cœur demeure unique. » P.S. Je me permets d’ajouter à cette chronique deux appendices. J’imagine d’abord que mes lecteurs savent déjà que notre pape François veut faire de cette année 2024 une année de la prière. Les motifs ne manquent pas. Mais sous quelle forme et quelle formule ? Le livre du frère Divry pourrait nous aider en ce sens. Il me plait aussi de reproduire dans ce blog quelques lignes extraites d’une chronique du périodique romand L’Echo Magazine (20 février 2024), signées par l’Abbé F.X. Amherdt, professeur émérite de théologie pastorale à l’université de Fribourg et intitulées : « La prière du corps » : « Même sur notre lit de souffrance, nous sommes envoyés, car notre prière est vécue en communion avec la totalité de l’humanité. C’est cela l’Eglise, le corps mystique de Jésus-Christ. Adorons le Seigneur qui modèle notre corps. Dieu me façonne jour après jour, patiemment, au creux de sa main. J’ai besoin de temps en temps d’y reposer ma joue pour éprouver la chaleur maternelle de sa paume. Merci, Père de tendresse, de m’accompagner tel que je suis. Merci d’apaiser les larmes de mon cœur et de me tenir à l’abri de tes doigts, tout contre toi. Je ressens que je suis petit. Mais je sais que tu m’aimes ainsi ». Notre frère Edouard ne renierait certainement pas les termes de cette prière bien dans la ligne de ses pensées.

© Éditions du Cerf

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