Dans la douleur et la confiance

Voici deux mois, en mai 2022, les éditions Saint-Augustin, établies à Saint-Maurice en Valais, faisaient paraître la traduction française intégrale du livre de l’Abbé Nicolas Betticher : « Trotz allem. Macht, Missbrauch, Verantwortung in der katholischen Kirche ». L’édition française s’intitule : « Pouvoir et abus en Eglise. Un prêtre se confie ».

Cet ouvrage est présenté par son auteur comme une réponse à la démarche synodale mise en route par le pape François. Mais l’enjeu de ce livre dépasse l’analyse théologique et ecclésiologique. Les propos de Nicolas Betticher sont fondés sur ses « expériences » dont l’évocation ou le récit détaillé remplit 81 pages de son livre qui en compte 254, soit près du tiers. Le titre français mentionne explicitement : « Un prêtre se confie ».

C’est ce chapitre qui a d’abord retenu l’attention du recenseur. Un long chemin au service de l’Eglise, avec en intermèdes des engagements laïcs, a défrayé pendant une ou deux décennies la chronique du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Je me refuse de revenir sur ces événements, le plus souvent douloureux. Qu’on sache seulement qu’ils ont meurtri celui qui en parle, jusqu’au jour où il devint curé d’une paroisse de la ville de Berne. Enfin, il découvre, écrit-il : « une famille dans laquelle je suis aujourd’hui encore le bienvenu. Que du bonheur ! ». (p.81)

Les lecteurs jugeront eux-mêmes si cet ouvrage est un plaidoyer pro domo ou un essai théologique. Sans doute appartient-il aux deux genres. Je me laisse plutôt séduire par sa sincérité et sa justesse quand dans sa conclusion Nicolas Betticher fait l’apologie d’une conversion en Église qui ramène à l’unité et à la charité tant d’enfants de Dieu dispersés et égarés. Une conversion qui nous concerne tous. Y compris l’auteur de ce livre et celui qui a pris le parti de le lire.