Blog

Doctorat remarqué à Fribourg

  • Fr. Guy

Travail de bénédictin chez les moniales d’Estavayer

Avec le frère Erik, j’assiste ce vendredi 17 juin dans la salle du Sénat universitaire de Fribourg à la soutenance de la thèse de Sophie Duriaux, fribourgeoise et même staviacoise, portant sur l’édition critique d’un manuscrit daté de 1687, dont l’auteur est le dominicain savoyard François-Luc de Lucinge (1631-1700).

Avant de m’attarder sur l’intérêt de ce travail, pénétrons rapidement dans les coulisses de l’événement. Le verdict fut très élogieux. La thèse reçut la mention « magna cum laude ». Quant au jury, il était composé de Mariano Delgado, doyen de la Faculté de théologie, du directeur de la thèse, le frère Bernard Hodel, d’un historien genevois Philippe Broillet, de Thierry Collaud, professeur d’éthique et enfin de Madame Silvia Arlettaz, professeur d’histoire, qui donna une touche féminine bienvenue à ce tribunal.

L’écrit dont il est question, intitulé « Abrégé historique et chronologique », relate et date les événements marquants du monastère des moniales dominicaines d’Estavayer, depuis sa fondation vers 1280 à Echyssie près de Lausanne, transféré depuis 1317 à Estavayer. Le frère de Lucinge fut leur confesseur de juin 1684 à mai 1685, avant d’être élu prieur du couvent des Frères Prêcheurs d’Annecy. C’est donc au cours de ce bref séjour staviacois – un peu moins de douze mois – que le dominicain put consulter les archives du monastère qui lui permirent de rédiger son «Abrégé ».

Nous ne disposons que de deux exemplaires de ce manuscrit : l’original, conservé à Berne, à la Bibliothèque Nationale, et sa copie dans les archives du monastère d’Estavayer. Sophie Duriaux a travaillé avec minutie sur ces deux documents en vue d’établir son « édition critique » de l’« Abrégé », abondamment annotée par ses soins.

Il lui fallut d’abord procéder à la recherche des sources de ce manuscrit, de ne retenir que les plus fiables, les déchiffrer et les analyser.

Le manuscrit d’Estavayer, caviardé, ou plutôt retranché de quelques pages par une censure postérieure, devait lui valoir quelques problèmes supplémentaires. D’autant plus que des moniales d’une génération plus récente ajoutèrent au manuscrit des notifications qui n’étaient pas de la plume du Père de Lucinge. Par ailleurs, le dominicain ne se priva pas de noter au passage quelques remarques personnelles, certaines venimeuses à l’encontre de Zwingli et des autres réformateurs de la Confédération suisse.

Mais à quoi bon cet « Abrégé » et tout l’effort déployé pour en faire une édition critique ? Laissons la parole à la nouvelle graduée : « L’Abrégé est destiné en priorité aux moniales, notamment pour leur permettre de défendre leurs biens. Il sert également à valoriser l’ordre des Prêcheurs et au rayonnement spirituel des moniales ». Même si cette appréciation n’est pas partagée par tous les censeurs, reste que cette thèse est un instrument de grande valeur pour ceux et celles qui désirent connaître tant soit peu l’histoire de ce monastère séculaire qui survit toujours en Romandie.

Sophie Duriaux (photo : la rédaction)

Retour

Commentaires

×

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner un nom valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner une adresse email valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Google Captcha Is Required!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont requis.

Soyez le premier à commenter