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Excursion à Valère

  • Fr. Guy

Sourire valaisan

« Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé… ».

Non, ce n’est pas la route empruntée par le coche du fabuliste La Fontaine, mais les derniers mètres qui nous séparent de la basilique de Valère, sur les hauts de Sion. On y avance pierre par pierre, cabossée de surcroît, sur des escaliers inégaux et improbables, le sol se dérobant soudainement sous vos pieds. Mais ce chemin de croix débouche sur un paradis étincelant.

L’église qui nous ouvre enfin ses portes est celle du chapitre des chanoines de la cathédrale de Sion, devenue « basilique » par décret de Jean-Paul II. La voici rafraîchie et renouvelée après trois années de restauration minutieuse. Sous le coup de midi, une guide experte nous attend sur le seuil.

L’église fortifiée de Valère, construite au tournant des 12ème et 13ème siècles, fait face au château de Tourbillon, aujourd’hui en ruine. Les chanoines choisirent cette élévation de 615 mètres comme lieu de résidence, Ils voulaient sans doute se protéger d’incidents dont ils auraient pu faire les frais s’ils avaient élu domicile dans la ville de Sion située au bas de leur colline. Ils ne quittèrent leur promontoire qu’au début du 19ème siècle quand les armées révolutionnaires eurent mis fin à la principauté épiscopale d’origine haut-valaisanne qui dominait alors la vallée du Rhône depuis sa source jusqu’à son embouchure dans le Lac Léman. Les chanoines avaient quelques raisons de craindre d’éventuels ennemis, puisqu’ils étaient associés au pouvoir du prince-évêque élu dans leur rang. Mais ceci est une autre page d’histoire. On pourra la lire dans une publication scientifique dont on nous promet une parution prochaine.

Subsiste de ce passé une église qui marie un chœur roman à une nef gothique. Elle a retrouvé aujourd’hui son style et ses couleurs d’origine. Une merveille ! Et le mobilier liturgique moderne (autel et ambon) s’harmonise avec bonheur avec le décor ancien.

Deux particularités, rénovées elles aussi, justifient la visite de ce site : le jubé – il n’en reste que trois datant de la même époque – au-delà duquel priaient les chanoines dans leurs stalles de bois sculpté, à l’abri des regards indiscrets des laïcs réfugiés dans la nef et le plus vieil orgue d’Europe – construit en 1435, qui fonctionne encore. En témoignent les concerts auxquels il donne lieu de nos jours.

La basilique demeure ouverte au culte catholique et à tous ceux et celles qui manifestent le désir de prier en ce lieu. Hélas, son accès demeure interdit à un groupe d’handicapés. Je suis sensible à cette ségrégation. Nous avions déjà à Valère un jubé qui sépare les clercs des laïcs et maintenant un sentier qui interdit l’accès de l’église à ceux et celles qui souffrent de mobilité réduite. Combien de siècles faudra-t-il avant de voir supprimée cette inégalité ? D’autres sanctuaires de Suisse romande, dont celui du Vorbourg dans le canton du Jura, ont aménagé récemment des installations discrètes qui rendent leur église accessible à tous les humains. Nos amis valaisans pourraient les imiter. Nous leur faisons confiance.

Jubé dans la basilique à Valère (photo : Jacqueline Rigamonti)

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