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Festival jésuite

  • Fr. Guy

Impressionnante continuité

Je me suis réjoui de prendre part récemment à un festival jésuite présenté par KTO. Et, foi de dominicain, je ne m’y suis pas ennuyé.

Au cours de la même soirée, il m’a été donné de visionner un documentaire présenté avec compétence sur le Père Teilhard de Chardin décédé en 1945 et une interview du cardinal jésuite Hollerich, évêque de Luxembourg, à qui notre pape, jésuite lui aussi, vient de confier des responsabilités exceptionnelles dans la mise en marche et le déroulement du prochain Synode de l’Eglise universelle qui rassemblera évêques et laïcs. « Un petit concile » pour reprendre les termes du cardinal.

L’évocation d’heures tragiques de la vie de Teilhard m’a particulièrement impressionné. Ainsi, sa présence dans les tranchées et les bourbiers de la première guerre mondiale, décelant dans cet univers morbide l’avènement d’une humanité nouvelle. De même, isolé dans un désert chinois au cours de la seconde guerre, suspect et interdit de publication, il perçoit un nouveau stade dans la montée du cosmos vers plus de conscience et d’unité. Quel témoignage pour notre époque morose et désemparée que ce chant d’espérance élevé sur des décombres amoncelés !

J’ai tenté de percevoir les mêmes accents dans les propos de l’évêque de Luxembourg. Plus subtils, ils recourent davantage aux lumières de l’Esprit-Saint qu’à celles de la raison pour faire sortir notre Eglise de l’impasse où elle est engluée. Comment faire naître l’unité et l’universalité dans un appareil si fissuré ? J’ai cru comprendre que notre cardinal garde la tête froide et les yeux bien ouverts. Il ne se satisfait pas de subterfuges indignes de la vérité. Un bon présage que nous donne ce jésuite familier du discernement.

Il faut se réjouir par ailleurs si les jésuites occupent encore une place très honorable dans l’univers médiatique francophone. Même s’il faut se désoler de la disparition de « Choisir » en Romandie, la revue « Etudes » poursuit son chemin et ne démérite pas.

Et voilà qu’apparaissent ces derniers temps nombre de publications relatives à l’histoire de la Compagnie de Jésus. Je salue et félicite au passage le Père Pierre Emonet, jésuite résidant à Genève, qui, après nous avoir gratifié d’une biographie d’Ignace de Loyola, continue sur sa lancée en publiant en 2017 aux Éditions Lessius la biographie de Pierre Favre (1506-1546), un jésuite savoyard qui fut un des premiers compagnons d’Ignace. Cet ouvrage fut accompagné des « Lettres et Instructions. » de Pierre Favre, parues elles aussi aux Éditions Lessius. Puis a suivi, toujours du même auteur, la biographie de Pierre Canisius (1521 – 1597), un jésuite particulièrement vénéré à Fribourg. Infatigable et fidèle à son éditeur, Pierre Emonet publie en 2022 la biographie de Pedro Arrupe, célèbre Préposé Général de la Compagnie de Jésus qui a marqué de sa pensée et de ses volontés de réforme le 20ème siècle finissant. Un homme qui se situe dans la ligne de Teilhard et qui passa de longues années au Japon. Comme devait le faire plus tard le cardinal Hollerich.

Last but not least, la parution en 2022 à Paris, d’une véritable somme de connaissances relatives à la Compagnie de Jésus de 1326 pages, imprimées sur papier bible. Ce monument a paru aux Bouquins Editions et s’intitule : « Les Jésuites. Histoire et Dictionnaire. Sous la direction de Pierre Antoine Fabre et Benoist Pierre ».

Une foule de collaborateurs dont les noms sont recensés ont composé quelques 400 pages de résumé d’histoire de la Compagnie, depuis le temps de ses fondations au 16ème siècle jusqu’au 21ème siècle. Puis, un dictionnaire comprenant des entrées thématiques, mais aussi de personnes et de lieux intéressants pour la Compagnie. Ajoutez des cartes, des index et surtout, en annexe, une anthologie documentaire comprenant, par exemple, les exercices spirituels ou le bref de suppression de la Compagnie et la bulle de sa restauration.

Un travail gigantesque qui a débuté en 2010 pour prendre la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Un ouvrage de consultation sans doute, mais qui témoigne de la place éminente qu’ont occupée les Jésuites au cours de plus de cinq cents ans dans l’Eglise et la société. Qu’on les admire ou qu’on les déteste, personne ne peut contester l’importance de leur présence aux formes multiples et variées. Au moment où la foi chrétienne semble se dissoudre dans un exotisme sentimental, nous avons besoin de références solides basées sur l’intelligence et d’un regard lucide et respectueux porté sur nos histoires de vie. Les Jésuites contemporains relèveront-ils ce défi ?

© Bouquins Editions

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