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Jean-Bernard Lang

  • Fr. Guy

1926 – 2019

Ce 12 juillet, dans notre église St-Paul de Genève, une messe d’adieu et d’action de grâce fut célébrée pour Jean-Bernard Lang, un grand ami de notre paroisse et de notre communauté dominicaine. Il s’endormit paisiblement dans son Seigneur, chez lui, dans sa 94ème année, ce dernier 9 juillet.

Cette célébration m’a permis de lire et méditer un manuscrit du défunt rédigé en 2002 et dédié à notre regretté frère Jean-Daniel Balet. Son titre : « Un parcours spirituel et un autre regard ».

Cette lecture m’a permis de situer avec précision les intuitions qui furent à la source des actions de cet homme et de ce chrétien hors du commun. Professionnellement, un maître-enseignant féru de pédagogie, connu par des générations d’élèves genevois qui ont travaillé son « Wir sprechen deutsh ». Sur le plan religieux, une moitié de vie marquée par la tradition réformée et une autre moitié vécue sur la planète catholique.

Dans sa période protestante, Jean-Bernard se situait dans le sillage de Léonhard Ragaz, fondateur du mouvement socialiste-chrétien, plutôt que dans la ligne de Karl Barth. J’ai mieux compris dès lors son engagement humanitaire auprès des malades, des réfugiés, des prisonniers, en particulier ceux défendus par ACAT ou AMNESTY et sa présence dans tant d’autres œuvres d’entraide. Mais cet engagement sur le terrain ne nuisait pas à la rigueur et à la persévérance de ses recherches théologiques qu’il n’a cessé de mener jusqu’à sa mort. Ces derniers mois encore, il prenait part à mes cours sur l’eucharistie et ne manquant pas de venir à mon secours quand je buttais sur une expression biblique écrite en grec ou en hébreu.

Devenu catholique, à cause, disait-il, du Valais (le Binntal où il passait ses vacances), Vatican II et Hans Küng (dont il lut intégralement tous les ouvrages), il n’abjura pas plus que le cardinal John Henry Newman son passé protestant, désireux plutôt d’émoustiller ses nouveaux frères catholiques qu’il trouvait passifs, soumis et endormis sur leurs trésors enfouis. Un long combat – surtout éditorial[1] – contre les dérives conservatrices et réactionnaires de l’après-concile ne remit pourtant jamais en question son « passage » dans l’Eglise catholique. Ce pas ne fut pas une « conversion » charismatique ou sentimentale, mais un devoir de cohérence avec sa recherche intellectuelle. Ce « saut » avait aussi quelque chose du pari de Pascal, un des penseurs préférés de Jean-Bernard, avec Josef Pieper et Martin Buber.

Ce combat, intérieur surtout, ne déteignit jamais sur ses engagements paroissiaux. Il présida pendant 12 ans la Conseil de Communauté de la paroisse St-Paul, fut membre de sa Chorale, de son groupe œcuménique et le soutien éclairé de ses prêtres. Ce fut pour lui, écrit-il, des années de vrai bonheur qui réajustaient sans doute ses critiques – passagères – de l’institution. Pour sa messe d’action de grâce, l’église St-Paul n’accueillit pas seulement sa famille, ses amis et ceux qui voulaient rendre hommage à un intellectuel honnête et à un pédagogue de renom, mais encore de nombreux paroissiens étaient là, désireux de remercier Dieu pour ce compagnon et cet ami dont la fidélité ne leur fit jamais défaut.

 


[1] Jean-Bernard Lang, Catholiques, sommes-nous majeurs ? Inquiétudes et espoirs d’un laïc, Peter Lang. Berne 2001.

Vallée de Binn (Wikimédia)

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