Blog

L’art de parler pour ne rien dire !

  • Fr. Guy

On prend plus de mouches avec une pincée de miel qu’avec un verre de vinaigre ...

J’apprends le décès de Mgr Amédée Grab qui fut évêque auxiliaire résidant à Genève, puis, après quelques années passées à l’évêché de Fribourg, appelé à Coire pour prendre la succession d’un évêque dont le mandat fut particulièrement calamiteux.

On a heureusement oublié qu’avant même que Mgr Grab mit les pieds à Genève, sa ville natale, une opposition farouche traversa les rangs d’un quarteron de calvinistes effrayés à la pensée de voir un jour pas trop lointain une mitre et une crosse folâtrer dans leur cathédrale récupérée par les papistes. Il n’en fut rien, car Amédée sut ramener au calme la tempête qui avait agité un verre d’eau. A Coire, l’affaire fut plus sérieuse. Il fallait un pompier pour éteindre l’incendie qui embrasait tout un diocèse. Tout naturellement, les yeux se tournèrent vers Amédée pour servir d’extincteur.

Quel était donc le secret de ce génie pacificateur ? On a parlé de diplomatie. Cela peut paraître vrai, si le diplomate a pour mission  de franchir les montagnes en creusant des tunnels. Je penserai plutôt que notre prélat maniait les mots avec une maîtrise consommée. Très loquace, il désarmait ses contradicteurs sous une avalanche de propos que d’aucuns jugeaient filandreux, inappropriés et même insignifiants. Bref, la langue de bois « béni » manipulée avec une dextérité hors pair. Et ce flot de paroles était  débité sur un ton monocorde,  lénifiant, et ennuyeux.

Je ne crois pas que Mgr Grab était dupe de ce procédé. Il savait par expérience que rien ne sert d’élever la voix pour se faire entendre. Il suffit d’être patient. Mûri par l’enseignement de jeunes collégiens, Il avait appris par expérience qu’il valait mieux attendre le retour au calme de l’élève rebelle, dut-il utiliser à cet effet l’arme de l’anesthésie oratoire. Tout se terminerait par un dialogue constructif et apaisé. L’art du pêcheur finalement, qui taquine le goujon avant  de prendre le poisson à son hameçon.

Un sage, cet Amédée ! Evêque à Genève, il avait de qui tenir. François de Sales que l’on appelait « Monsieur de Genève » n’était-il pas d’avis que l’on prend plus de mouches avec une pincée de miel qu’avec un verre de vinaigre ?

Ordination sacerdotale à Schwyz, photographie personnelle de Matthias Ulrich. Original téléversé par Matteo3000 sur Wikipédia.

Retour

Commentaires

×

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner un nom valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner une adresse email valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Google Captcha Is Required!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont requis.

Soyez le premier à commenter