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La douceur sauvera le monde !

  • Fr. Guy

Plaidoyer de Jean-Claude Guillebaud

Jean-Claude Guillebaud : Entrer dans la douceur, éd. L’Iconoclaste, 2021, 255 pages.

Ancien journaliste correspondant de guerre devenu auteur prolixe, Jean-Claude Guillebaud vient de faire paraître son quarantième ouvrage. Depuis des années, cet auteur exploite un riche éventail de sujets contemporains – je n’oserais dire « à la mode » – qui donnent lieu à des réflexions et des analyses de portée éthique. Ses sources sont aussi variées qu’innombrables. Impressionnant le nombre d’auteurs cités et référés en bas de page. A nous faire croire que Guillebaud a tout lu et tout entendu. Ce foisonnement élargit sans doute l‘horizon de nos connaissances, mais nuit à la rigueur et à l’unité de la composition. Péché mignon du journaliste pressé de communiquer tout ce qu’il sait plutôt qu’approfondir un seul sujet.

Ce livre est aussi autobiographique. De nombreuses références à la vie et aux expériences de l’auteur en facilitent la lecture. A commencer par les motivations qui l’ont poussé à l’écrire. Le confinement imposé par la pandémie lui a donné le retrait et le calme nécessaires à ce genre de travail. Ajoutez l’opportunité de lire ou de relire des auteurs susceptibles de conforter sa thèse. Car c’est bien une cause dont Guillebaud se fait l’avocat : faire revenir la douceur dans nos comportements agressifs.

Le correspondant de guerre sait ce dont il parle. Il fut témoin de d’horreurs sans nom. Mais c’est la violence au quotidien qu’il se propose de traquer aujourd’hui. Celle commandée par la compétitivité qui écrase et supprime le faible et le concurrent. Elle prend des formes anodines comme l’incivilité courante, mais infiniment plus graves quand elle est élevée à l’état de système politique, commercial ou financier et tend à devenir la règle de nos comportements sociaux et individuels.

Pour faire front à la violence Guillebaud plaide en faveur de la solidarité. Un remède « naturel » que des experts scientifiques lui ont fait découvrir dans le règne animal et végétal. Contrairement aux spéculations pseudo-darwiniennes, l’évolution des espèces ne suppose pas l’élimination des plus faibles, mais la solidarité des individus face à leurs prédateurs éventuels. J’avoue avoir été séduit si ce n’est convaincu par cette argumentation.

Dans un chapitre particulier, Guillebaud se remémore ses échanges avec son maître et ami, le prêtre philosophe Maurice Bellet, qui nous a quittés il y a trois ans. Et tout particulièrement son ouvrage ; L’Epreuve ou le tout petit livre de la divine douceur. Bellet n’est pas le seul maître à inspirer et guider notre auteur. Georges Bernanos, Charles Péguy et Jacques Ellul tiennent aussi leur rang dans ses préférences.

On l’aura remarqué, ces poètes, philosophes et penseurs sont chrétiens. Ils ont sans doute influencé le retour de Guillebaud à ses racines chrétiennes dont il a fait le thème de son livre : « Comment je suis redevenu chrétien » paru en 2007. Il croit repérer dans cet héritage les traces et les fondements de la douceur et de la solidarité dont il se fait le chantre.

Sa conversion ne fut pourtant pas une abdication de sa raison ou un éblouissement qui l’aurait rendu aveugle face à la conduite de certains chrétiens indignes de ce nom. Sa foi s’est donc épurée ainsi qu’en témoigne son livre : « La Foi qui reste » paru en 2017.

Les scandales qui perturbent l’Eglise depuis cette date ne suffisent pas à l’ébranler. Guillebaud s’accroche comme à une bouée de sauvetage au témoignage héroïque de chrétiens et de chrétiennes qui résistèrent à la séduction de la violence alors que leurs ennemis s’acharnaient contre eux. Et de citer Christian de Chergé, moine de Tibhirine et Pierre Claverie, l’évêque dominicain d’Oran qui fut assassiné le 1er août 1966 dans les mois qui suivirent l’holocauste des moines de l’Atlas.

Parmi ces témoins de la douceur tout un chapitre est consacré à la « Pucelle d’Orléans » dont la candeur et le bon sens confondaient la malignité de ses juges. Bien sûr, Jeanne d’Arc faisait la guerre, « mais elle ne l’aimait pas ». Le chemin de la douceur connaît ses passages étroits.

En conclusion, Jean-Claude Guillebaud veut croire que la destruction de notre univers ne se produira pas si un océan de douceur vient à l’envahir. Il fait confiance aux associations d’hommes et de femmes, chrétiens ou pas, renonçant au « je » pour le « nous », tous artisans de solidarité.

© Éditions de l'Iconoclaste

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