Blog

La messe encore à l’ordre du jour ?

  • Fr. Guy

Fête Dieu

Quel paradoxe ! J’écris ces lignes le jour de la Fête-Dieu, célébrée pour honorer le sacrement du corps livré et du sang versé du Christ tel que nous le rappelons à chaque eucharistie et je lis un article intitulé « Vivre Dieu sans la messe » paru dans la dernière édition du périodique « L’Essentiel » à l’intention des paroissiens de mon UP. (Pour le commun des mortels, ce sigle signifie « Unité Pastorale ». Encore un terme ignoré hors de ma tribu.)

Je comprends que l’auteure ne puisse physiquement supporter la substance végétale avec laquelle sont confectionnées nos hosties, bien qu’il existe des dérivatifs à cette règle alimentaire. A la rigueur, je comprends que l’on se plaise davantage face à un écran diffusant une « belle messe », étoffée de chants et musiques convenables, assortie d’une prédication brève et compréhensible. Et je ne dis rien du bonheur de partager sa foi et sa vie avec d’autres pèlerins rencontrés au cours d’une pieuse randonnée, sans qu’on ne se sente « obligé » d’assister encore à une messe réglementaire qui n’ajoutera rien de consistant à la nourriture spirituelle qui nous est déjà servie.

Et pourtant j’ai la naïveté d’affirmer que c’est l’eucharistie – je ne parle pas du célébrant – qui fait et défait l’Église de Jésus-Christ. Relisez les évangiles. Vous serez surpris du nombre de repas auxquels Jésus prend part au cours de sa vie terrestre, mais encore après sa résurrection. C’est autour de ces tables souvent improvisées, fastueuses ou frugales que se construit ou se déconstruit la communauté des disciples de Jésus. Mais aussi où s’agrègent les rejetés et les pardonnés, tandis que ses adversaires grincent leurs dents.

Soit dit en passant, j’ai fait mon miel de l’ouvrage de mon frère dominicain Daniel Bourgeois, paru en 2017, intitulé simplement « Jésus de Nazareth » consacré au sujet que je tente ici d’évoquer.

De tous ces repas, celui qu’on appelle abusivement le dernier est sans doute le plus célèbre. Tant par la gravité du moment où il fut célébré que par la nourriture qu’il offre aux convives, censée entretenir en eux la « vie éternelle ». Peu importe le cadre et les règles de ce qui est devenu hélas un acte rituel. C’est l’ « essentiel » qu’il faut viser. Bien sûr, je ne parle pas du magazine du même nom, mais du « corps livré et du sang versé pour la multitude ». Et de la communauté qui se crée autour de ce don. Peu importe qu’elle se compte par unités, dizaines ou centaines. L’important est qu’elle soit réelle et agissante. Comment ne pas faire nôtre à ce sujet le titre du commentaire biblique paru dans l’hebdomadaire chrétien « Écho Magazine » de cette semaine : « L’eucharistie crée l’unité ». Surtout, si c’est un pasteur protestant qui l’écrit.

Ceci dit, je me réjouis d’apprendre que les chercheurs de Dieu se trouvent nombreux à le chercher même sur des chemins qui ne me sont pas habituels. Je plains toutefois ceux et celles qui ont quitté les miens pour n’avoir pas trouvé de vrais compagnons de route. Je n’en profite pas pour faire un nouveau procès à mon Église. Le mien me suffit.

La dernière cène de Lorenzo Monaco, vers 1390. Wikimédia.

Retour

Commentaires

×

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner un nom valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner une adresse email valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Google Captcha Is Required!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont requis.

Soyez le premier à commenter