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L’amour, c’est comme les allumettes !

  • Fr. Guy

Un roman de Charles-Ferdinand Ramuz

Aline 

Roman de Charles-Ferdinand Ramuz

Un brocanteur genevoise me fait découvrir Aline, premier roman de C.-F. Ramuz, publié à Paris en 1905. Mon exemplaire, acquis pour 10 francs, date de 1968 et a paru chez Marguerat, à Lausanne, dans la Collection : L’Eventail.

Je serai franc. J’ignorais tout de ce roman dû à la plume de notre célèbre écrivain suisse, qualifié avec mépris de « rustique »  par ses collègues parisiens qui parlaient pointu. Je l’ai dévoré pour deux raisons.

D’abord pour l’évocation poétique du cadre de vie de mes grands-parents, paysans fribourgeois, cousins germains de leurs voisins vaudois mis en scène par Ramuz. J’y retrouve le langage, l’accent et la « philosophie » - on disait autrefois la « mentalité » – de ces ruraux qui habitaient Seiry, Dompierre, Denges ou Denezy. Au rythme des saisons qui régissaient Les Travaux et les Jours d’une existence repliée sur quelques hectares de froment et de pâture. Sans oublier le calendrier de leurs réjouissances, saisonnières elles aussi.

C’est surtout l’intrigue du roman qui m’a intéressé. Une jeune fille indigente, Aline, s’amourache de Julien, fils unique de la famille la plus aisée et la plus en vue du village. Un amour fou dont le jeune homme a vite compris l’avantage qu’il pourrait en tirer pour satisfaire sa lubricité. Quand la grossesse d’Aline devint visible, elle se fait éconduire par son amoureux comme une mal propre, livrée aux commérages hypocrites et malveillants de la communauté villageoise. Persuadée elle-même  de sa culpabilité, elle accouche d’un enfant qui ne vivra pas et se suicide quand elle apprend les fiançailles de celui qu’elle n’a jamais cessé d’aimer.

Je l’avoue, cette triste histoire se présente comme un cliché romantique. Quant à son épilogue, il paraîtra lui aussi suranné à notre époque qui a inventé la pilule et légalisé l’IVG. Mais le scénario !

Alors que les procès s’accumulent de nos jours contre des hommes qui ont abusé de l’innocence ou de la crédulité amoureuse de jeunes femmes, Ramuz dénonce la veulerie et la lâcheté masculines, camouflées sous le pouvoir de la respectabilité et de l’argent. Il savait aussi que ces crimes n’étaient pas étrangers aux mœurs des campagnes de ce pays romand qu’il adulait par ailleurs. Un peu fou ou naïf, Ramuz chantait, comme son compatriote Gilles : l’éternité de l’amour.

Ne nous étonnons donc pas si Aline a connu de multiples traductions et plusieurs rééditions dont la plus récente remonte à 2018 ? Thème universel et intemporel toujours repris. Faut-il répéter avec Pagnol : « L’amour, c’est comme les allumettes. Cela ne sert qu’une fois » ?

© Éditions Grasset

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