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Le berger et le loup

  • Fr. Guy

Une « méditation » sur l’évangile de dimanche prochain

Une tradition liturgique bien ancrée voudrait qu’on dédie ce dimanche au bon pasteur ou au bon berger. Cette année, cette dédicace me fait froid dans le dos. J’apprendre qu’un ami journaliste a reçu un prix important qui récompense un de ses articles d’investigation intitulé : « Lorsque le berger est un loup ». Il est question bien sûr du dévoilement récent de la vague d’abus de pouvoir intellectuel, spirituel et sexuel dont certains clercs ont été rendus responsables. J’aurais préféré qu’on honorât cet ami pour avoir diffusé des nouvelles plus réconfortantes. Mais, au moins, sa plume franche et sans complaisance nous aura-t-elle ramenés à la vérité nue de l’évangélique que nous lisons aujourd’hui. Que dit-il en effet ?

Il affirme tout simplement qu’il n’existe en Eglise qu’un seul pasteur à qui toutes les brebis appartiennent. C’est le Christ Jésus. Aucun loup ne peut les arracher de sa main, pas plus que cet animal ne peut les ravir de la main du Père qui les a confiées au Fils. Ce bon berger qui meurt pour ses ouailles ne se coiffe donc pas de mitres, de calottes, de barrettes épiscopales ou cardinalices. Il porte ses attributs pastoraux dans son cœur de Père et d’Ami, plutôt qu’il ne les épingle sur des vêtements cléricaux.  Ses brebis connaissent sa voix et le suivent. A dire vrai, Jésus seul mérite de porter le titre de pasteur. Comme Dieu seul est investi de la dignité paternelle.

Alors, tous les autres, hommes ou femmes, qui se font appeler « pasteurs » ou « agents pastoraux » ? Ils ne sont pas propriétaires du troupeau, mais exercent une fonction de suppléance sous le regard de l’unique Berger à qui ils doivent rendre compte de leur gestion. Y a-t-il des loups parmi eux, infiltrés dans la bergerie sous des défroques de bon berger ? Le propriétaire aurait-il fait un casting calamiteux en les appelant à son service ? Je ne m’en étonne pas outre mesure quand je considère le profil de ses tout premiers compagnons envoyés par lui à sa moisson : un renégat, un traître, une bande de pleutres qui se défilent dès que le vin tourne au vinaigre. Je ne jugerai pas. Je sais trop bien comment l’appétit de puissance et de domination habite le cœur de l’homme et l’amène à détourner à son profit ceux et celles qu’on lui demande de servir. Mais je sais aussi que la miséricorde du bon berger a récupéré son disciple Pierre qui allait s’embourber et qu’elle a pu aussi ne pas manquer à cet homme dont l’Ecriture dit qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il ne fut pas né. Je n’en dirai donc pas davantage.

Le Bon Berger, relief d'un sarcophage chrétien, Romain, v. 300 après JC. Wikimédia.

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