Le démon de midi

Adrien Candiard : Akedia. Cerf 2024, 50 pages

Je ne fais que mentionner dans ce blog cet opuscule récent du frère Adrien Candiard, Je ne le lirai pas. Je crains en effet que cette prose me fasse plus de mal que de bien. Mais loin de moi de vous décourager de le lire pour autant. Ma réticence ne vise certainement pas son auteur, le frère Adrien. J’imagine difficilement qu’il soit tenté par le démon de midi qui de préférence choisit ses proies parmi ceux et celles qui souffrent d’ « acédie », un mal qui les atteint entre la quatrième et la huitième heure de leur vie de moine ou de moniale. Si j’en crois Evagre le Pontique cité en ouverture de l’ouvrage. Je doute que cela soit déjà le cas du frère Adrien. Cela pourrait être le mien, au cas où ce démon aurait pris un sérieux retard (un coup de vieux !), suffisant toutefois pour inoculer son venin dans ma tête et mon cœur. Evagre nous dit que ce poison se nomme tristesse. Les esprits modernes l’appellent dépression.

Curieusement, je me suis souvenu que Thomas d’Aquin parle de ce démon de midi dans sa Somme Théologique à la question 35 de la Secunda Secundae. Un frère charitable vient de me le rappeler en m’indiquant les remèdes recommandés par le Docteur Angélique pour sortir guéris de cette néfaste maladie. Thomas en propose cinq : la délectation ou le plaisir, les larmes, la compassion des amis, la contemplation de la vérité et, pour clore la liste, le sommeil et les bains. Une thérapie bien équilibrée. Quelques articles de la Somme développent le bien-fondé de ce choix multiple. Quant au frère Adrien Candiard, est-il encore besoin de le présenter ? Un jeune premier (?) du couvent du Caire, connu surtout par son « Pierre (Claverie) et Mohamed (le chauffeur du premier) », une pièce si souvent jouée par François Agnello. Cet acteur exceptionnel fut aussi celui qui a porté sur la scène Akedia. Car, ne l’oublions pas, le livre recensé se présente comme une pièce théâtrale. Bonne lecture ! Et bonne santé !