Blog

Le fils perdu et retrouvé

  • Fr. Guy

Parabole pour notre temps

Marion Ermonot : Ressuscité, éditions Slatkine, Genève 2021, 220 pages.

« Ressuscité » est le titre d’un livre récent – mais, au fait, qui donc m’en a parlé ? – écrit par Marion Emonot, une journaliste franco-suisse. L’ouvrage a paru l’an dernier à Genève aux éditions Slatkine. Le « ressuscité » est un enfant afghan d’une dizaine d’années qui après plusieurs mois retrouve sa famille réfugiée en Allemagne. Les siens croyaient l’avoir définitivement perdu lors d’un naufrage survenu au large d’Izmir, au cours d’une tentative avortée de rejoindre l’île grecque de Lesbos. Cet ouvrage se fait l’écho d’une double résurrection : celle de l’enfant perdu et celle de sa famille dans la joie de le retrouver vivant.

Cette histoire n’est pas une parabole biblique mise au goût du jour, mais un fait bien réel. Il a fait l’objet d’un titre de presse présentant une vidéo d’une minute et demie diffusée par la BBC en décembre 2015. Ce clip suffit à mettre en route notre journaliste émue par l’angoisse d’une mère qui vécut ce drame. C’est à cette femme afghane qu’elle doit ce récit recomposé par ses soins. Un long parcours facilité par la Croix-Rouge lui permit de découvrir cette famille enfin réunie dans un village allemand, quelque part entre Hanovre et Hambourg.

Ce livre est donc le fruit de longs entretiens entre Marion Emonot et ces « ressuscités » afghans. La journaliste leur prête sa plume pour décrire l’épopée ou plutôt le calvaire de cette famille composée d’un couple, de leurs cinq enfants et de deux jeunes belles-sœurs. Ils choisirent de fuir leur terre natale pour échapper aux lourdes menaces qui pesaient sur les plus jeunes. : mariages forcés, viols, séquestrations dans le but de prélever et vendre leurs organes vitaux, etc.

S’ensuivit un périple interminable d’abord en Iran, puis en Turquie. Rançonnée par des passeurs véreux, amputée de l’un de ses membres, la famille dut transiter par les camps d’internement grec, macédonien, serbe, hongrois et autrichien avant d’échouer sur le sol allemand que la chancelière voulait ouvert aux réfugiés et autres migrants. Quant au jeune perdu à Izmir, il sera retrouvé, sans trop savoir par quels détours, dans un foyer pour mineurs non accompagnés, situé dans le canton suisse de Thurgovie, avant d’être identifié et pouvoir rejoindre les siens.

Hélas, l’actualité a rendu banal ce genre de récits, devenus des « faits divers » que les médias ne se fatiguent plus à relever pour ne pas lasser ou heurter leur clientèle, souvent repliée dans un nationalisme étroit, raciste et haineux. La journaliste auteure de ce livre a choisi un autre angle de vision et d’approche. Elle a voulu ressentir en tant que femme et mère toute l’angoisse et la détresse de cette famille afghane, celle de la mère en particulier.

Le récit composé par Marion Emonot dépasse donc le reportage anecdotique et journalistique. Pas plus qu’il ne se livre à un réquisitoire politique. Son but est d’atteindre une dimension humaine et universelle. Ces gens peuvent bien être afghans et musulmans. Ils sont d’abord des humains qui souffrent comme vous et moi.

Ce qu’a bien compris ce couple de chrétiens allemands venus porter secours à ces « étrangers » dès leur arrivée dans leur village. Des gens qui ne demandaient qu’à aimer et être aimés.

© Éditions Slatkine

Retour

Commentaires

×

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner un nom valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner une adresse email valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Google Captcha Is Required!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont requis.

Soyez le premier à commenter