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Les martyrs de l’Atlas

  • Fr. Guy

Second épisode

Moines de Tibhirine : Heureux ceux qui se donnent. La vie donnée plus forte que la mort. Textes recueillis et présentés par Marie-Dominique Minassian. « Les Ecrits de Tibhirine 2 », Cerf, Bellefontaine et Bayard 2020, 270 pages.

Marie-Dominique Minassian, l’infatigable éditrice des moines du monastère de l’Atlas ne nous aura pas fait patienter longtemps avant la sortie du deuxième volume de la série « Les Ecrits de Tibhirine ».

Puisant aux mêmes sources, monastiques ou familiales, Dominique Minassian fait paraître cette fois-ci une anthologie de textes des moines dont la thématique est celle du martyre. Alors que le premier volume de la collection contenait des documents biographiques relatifs à leur vocation, ceux qui sont recensés dans ce second ouvrage ont trait aux derniers mois que les sept moines passèrent dans leur monastère de Tibhirine, dans la perspective d’une fin tragique de leur vie, acceptée d’avance comme un don.

L’Eglise reconnaîtra plus tard ce sacrifice comme un martyre. Précisément, une étude sur « le don et la grâce du martyre », due à la plume d’un théologien de l’Ordre trappiste, introduit les témoignages des moines et ceux de la communauté à laquelle ils appartiennent. Car on ne peut séparer les moines de leur communauté. C’est la communauté comme telle qui a pris la décision de demeurer en terre d’Algérie. C’est elle que les tueurs voulaient supprimer, non pas l’un ou l’autre moine en particulier.

Dans la tradition de l’Eglise on appelle martyr celui qui a été tué en haine de sa foi. La situation est plus complexe dans le contexte de la guerre civile algérienne – la décennie noire – de la fin du siècle dernier. Les moines étrangers ont-ils été enlevés pour servir de monnaie d’échange qui aurait pu servir à libération d’autres prisonniers ? Par ailleurs, nous ne disposons d’aucun témoignage officiel et vérifié des circonstances précises de leur assassinat. Ont-ils été tués en haine de leur foi chrétienne, ou par opportunité et même par accident ? Ce débat ne trouvera certainement pas de solution en notre génération.

Reste que les textes des moines témoignent de leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur don, de ne pas abandonner à leur triste sort les fellah qui vivaient au milieu d’eux. Et cela, malgré les vives exorations venues de toute part qui les pressaient d’abandonner leur monastère pour sauver leur vie. Ils savaient donc très bien à quoi ils s’exposaient en voulant se maintenir à Tibhirine. L’amour de l’autre, à l’image du Christ, impliquait leur mort. Ce qui allait advenir était dans la logique de leur don.

A ce titre, ils méritent qu’on les honore comme d’authentiques martyrs. Leur mort témoigne du sacrifice du Christ qui aima les siens « jusqu’à l’extrême » (Jean 13,1).

© Bayard/Cerf/Abbaye de Bellefontaine

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