Blog

Les plus malades ne sont pas ceux auxquels on pense

  • Fr. Guy

Méditation autour de la COP26

Bertrand Kiefer n‘est pas un inconnu en Romandie. Après des études de théologie et un service pastoral en Eglise, il entreprend une carrière médicale qui a fait de lui le rédacteur en chef de la renommée « Revue Médicale Suisse ».

Sa formation pluridisciplinaire l’amène tout naturellement à traiter de problèmes où s’interfèrent médecine, éthique et société.

Ainsi nous avons pu prendre connaissance de son « bloc-notes » paru dans le numéro de la Revue Médicale Suisse 756 et repris par Le Temps, intitulé : « Insensibilisation et éco-anxiété ».

L’auteur, une autorité médicale, ne nous avait pas habitués à un style provocant à l’excès, éloigné du discours scientifique ordinairement sobre et discursif.  Le sujet devait donc être grave. En termes très vifs, le Dr Kiefer prend le parti des jeunes excédés par l’insensibilité de leurs aînés face au désastre climatique qui ne fait qu’empirer. Bien qu’appartenant à une génération « ramollie dans ses petits usages de consommation », il ne se prive pas de dire aux jeunes: « Vous avez raison de vous scandaliser de notre inaction, elle nous fait honte à nous mêmes.  Battez-vous, révoltez-vous, interpellez les systèmes au pouvoir qui sont incapables d’agir et de préserver le futur de l’humanité ».  Et de s’en prendre aux remontrances des « ramollis » qui voudraient faire taire les jeunes et les ramener à la raison.

Notre médecin est surtout ému par l’anxiété des jeunes face à un avenir qui les menace personnellement. Ce qu’il appelle « éco-anxiété ». Déjà, la psychiatrie se mobilise pour leur porter remède, sans pouvoir agir évidemment sur les causes qui sont à l’origine de ces troubles.  Plus grave est le refus exprimé par certains d’entre eux de mettre au monde des enfants. Ce renoncement à la vie est sans doute le symptôme le plus alarmant de l’éco-anxiété.

Les déclarations du Dr Kiefer ne sont pas gratuites. Elles sont fondées sur « une vaste enquête menée dans dix pays par une collaboration de six universités. Plus de 10.000 jeunes de 16 à 25 ans y sont interrogées ».

Notons aussi que, selon Bertrand Kiefer, l’éco-anxiété des jeunes pourrait avoir paradoxalement un effet positif. Elle met en évidence en les dénonçant l’absurde et le dégoût face au « fatalisme qui encombre le futur ». Et d’appeler comme témoin Albert Camus : « La conscience vient au jour avec la révolte ».

En conclusion, ce ne sont pas les jeunes en révolte qui ont besoin du psychiatre, mais bien ceux qui les découragent de manifester. La cécité morale et intellectuelle des aînés exige une intervention qui ne peut être remise à demain.

(image : pixabay)

Retour

Commentaires

×

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner un nom valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Veuillez renseigner une adresse email valide.

Veuillez renseigner ce champ.

Google Captcha Is Required!

Vous avez atteint la limite de commentaires !

* Ces champs sont requis.

Soyez le premier à commenter