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L’éternité de l’amour

  • Fr. Guy

Vérité ou illusion ?

Hier soir, la nuit déjà tombée, j’écoutais sur la « Ligne de cœur » le témoignage d’un paysan-artisan fribourgeois qui vit face aux Préalpes, une région, disait-il, où les arcs-en-ciel sont particulièrement lumineux. Notre homme pleurait la femme de sa vie – une infirmière belge – qui lui a donné trois enfants. Elle est partie l’an dernier après dix ans de souffrances. Elle ne voulait pas que son avis de décès mentionne ce passage douloureux. Elle tricota son dernier pull aux couleurs de l’arc-en-ciel et demanda à son époux chéri de l’en revêtir dans son cercueil. 

Une belle histoire d’amour, apparemment sans histoires, racontée avec les mots à la fois rudes et tendres des terriens de chez moi. Un amour simple et vrai qui se vérifie à travers les aléas de toute une vie commune, parfois accommodée de disputes, suivies de pardons mutuels.

Et les animateurs de l’émission d’ergoter à ce sujet sur « l’éternité de l’amour ». Et moi de me souvenir de la chanson des « Trois cloches » qui la célébrait de sa belle manière. Vous vous en souvenez ?

 Village au fond de la vallée
Comme égaré, presque ignoré
Voici qu'en la nuit étoilée
Un nouveau-né nous est donné
Jean-François Nicot il se nomme
Il est joufflu, tendre et rosé
À l'église, beau petit homme
Demain tu seras baptisé.

Une cloche sonne, sonne
Sa voix d'écho en écho
Dit au monde qui s'étonne
C'est pour Jean-François Nicot
C'est pour accueillir une âme
Une fleur qui s'ouvre au jour
À peine, à peine une flamme
Encore faible qui réclame
Protection, tendresse, amour.

Village au fond de la vallée
Loin des chemins, loin des humains
Voici qu'après 19 années
Cœur en émoi, le Jean-François
Prend pour femme la douce Élise
Blanche comme fleur de pommier
Devant Dieu, dans la vieille église
Ce jour, ils se sont mariés.

Toutes les cloches sonnent, sonnent
Leur voix d'écho en écho
Merveilleusement couronnent
La noce à François Nicot
Un seul cœur, une seule âme
Dit le prêtre, et pour toujours
Soyez une pure flamme
Qui s'élève et qui proclame
La grandeur de notre amour.

Village au fond de la vallée
Des jours, des nuits, le temps a fuit
Voici qu'en la nuit étoilée
Un cœur s'endort, François est mort
Car toute chair est comme l'herbe
Elle est comme la fleur des champs
Épis, fruits murs, bouquets et gerbes
Hélas, tout va se desséchant.

Une cloche sonne, sonne
Elle chante dans le vent
Obsédante et monotone
Elle redit aux vivants
Ne tremblez pas, cœurs fidèles
Dieu vous fera signe un jour
Vous trouverez sous son aile
Avec la vie éternelle
L'éternité de l'amour. 

 

En fait, qui est l’auteur de cette chanson, jadis interprétée par Edith Piaf ? Elle fut écrite par Jean Villard Gilles et créée par Marie-Louise Rochat sur les ondes de Radio-Lausanne en novembre 1939. Gilles avoue l’avoir écrite face au Léman, son lac bien-aimé. 

Mais qui est donc Jean-François Nicot et sa douce Elise ? Mystère. Rien à voir avec les Nicod d’Echallens. Claude Nicod, mon quasi contemporain, prêtre retraité, vient de me le confirmer. Son patronyme s’achève avec un D et non par un T. Et Gilles n’est plus là pour nous éclairer.

Mais revenons à « l’éternité de l’amour », les mots qui achèvent la chanson. Les sympathiques animateurs de « La ligne de cœur » ont sans doute enterré le bon Dieu au fond de leurs poches pour ne pas devoir l’évoquer. Du moins publiquement. Ils expliquent que l’éternité de l’amour est synonyme de son universalité.

Je veux bien les croire. Le témoignage de « mon » fribourgeois n’est qu’un exemple parmi des milliers de couples qui ont vécu sans histoires leur amour « au fond de la vallée ». Je pense bien sûr à mes parentes, à des hommes et des femmes de ma génération, ici et ailleurs, qui toujours unis sont parvenus au seuil de l’éternité.

Oui, l’amour est universel. Il se pourrait qu’il soit aussi éternel.  Mais, pour faire ce saut, la foi en Dieu devrait venir à notre secours. Un Amour nous attend pour couronner nos pauvres et humbles amours.

Jean-Villard Gilles photographié en 1975 par Erling Mandelmann (photo © ErlingMandelmann.ch. Cette photo est sous licence internationale Attribution-ShareAlike 3.0 Unported (CC BY-SA 3.0)

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