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Lettre sur la vie

  • Fr. Guy

Une pensée nourrie et nouée par l’amitié

Franz, avec qui je partageai il y a plus de soixante ans quelques mois de noviciat dominicain, avant qu’il ne s’engageât dans une longue et riche carrière diplomatique, m’a fait parvenir « Une lettre sur la vie », écrite à sa demande par son vieil ami Jacques De Vriend (1923 - 2020).

Un opuscule édité par Franz en mai dernier, après le décès de son auteur survenu en février de la même année. Douze pages seulement, mais très denses qui décrivent l’itinéraire spirituelle et philosophique de ce penseur belge qui fut d’abord séminariste, puis sympathisant marxiste et qui enseigna la philosophie tout au long de sa longue vie dans des collèges privés de Suisse, parmi lesquels Champittet et Montolivet à Lausanne.

Franz a voulu rendre hommage à son ami de toujours, rencontré il y a quelques soixante-dix ans dans un sanatorium de Montana, alors que les deux jeunes gens tentaient alors de surmonter la même épreuve de santé. Une amitié qui ne s’est jamais démentie au cours de leur longue vie.

Le fascicule contient aussi une série d’hommages qui furent rendus  à Jacques lors des adieux qu’on lui fit, ainsi qu’une lettre inédite que lui adressa Albert Camus le 28 septembre 1945. Un document exceptionnel pour pénétrer la pensée de cet écrivain-philosophe dont on commençait alors à parler.

Le ton de la Lettre de Jacques, respectueux et modeste, m’a touché. L’itinéraire qu’elle décrit est presque un classique du genre : passage d’une croyance en une divinité transcendante et verticale à une théologie négative, pour aboutir à une reconnaissance du « divin » dans l’ouverture à l’autre qui devrait être la marque de l’humain.

Je me sens en profonde harmonie avec ce chemin, bien que je n’en partage pas toutes les étapes. Je m’en suis expliqué dans mon opuscule : « Dieu après 80 ans », tandis que remonte en moi cette hymne de Grégoire de Nazianze : « O Toi l’au-delà de tout, n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi ? ».

Ce que j’ai le plus admiré dans les lignes de De Vriend c’est l’humilité du penseur qui ne s’identifie pas à la Vérité et laisse donc la porte ouverte à d’autres recherches et d’autres solutions. « Un être en quête de vérité », comme il l’écrit lui-même, animé par « le désir qui nous fait rechercher l’autre et le connaître dans l’affection, la sympathie, la tendresse ou la compassion ».

L’ «autre » ou l’ « Autre » ? Il me semble que Jacques ne les sépare pas.

Un vieil homme barbu par Rembrandt van Rijn (Wikipédia)

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