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Lignes courbes… dominicaines

  • Fr. Guy

Le témoignage poignant de François Gachoud

Je viens de lire le témoignage poignant de François Gachoud, paru dans l’ouvrage collectif : « Prêtres…et demain. Six récits de vie, de grâce et de liberté, suivis d’un appel pour un libre choix du célibat ».

Un livre paru aux Editions Saint-Augustin en 2019, j’ai fait le choix de ne lire que les pages écrites pas François Gachoud. Pour la bonne raison que ce professeur de philosophie retraité fut un jour dominicain et qu’il aurait aimé le demeurer si des dispositions canoniques ne l’avaient empêché.

Son mariage n’a pas entamé son attachement à la mission de l’Ordre : prêcher et enseigner. Semblable en cela à d’autres frères dominicains  mariés qui n’ont cessé d’être comptés au nombre de mes amis.

L’ensemble du livre est un plaidoyer en vue de rendre libre le célibat des prêtres de l’Eglise latin. Avec comme corolaires l’acceptation à l’ordination sacerdotale des « viri probati » et la réintégration dans leur ministère de prêtres mariés qui le désirent.

 

Un plaidoyer auquel je souscris bien évidemment, mais dont je crains qu’il soit devenu anachronique. Ou, pour employer une formule sarcastique de Maurice Bellet, se préoccuper de ce genre de questions c’est « ranger les chaises sur le Titanic ». Autrement dit, il y a mieux à faire quand le paquebot tout entier est en train de couler.

C’est précisément pour cette raison que j’ai admiré les « confessions » de François Gachoud. Sans trop insister sur les aléas de son parcours de vie, c’est aux fondamentaux chrétiens qu’il fait le plus volontiers référence et auxquels il donne sa foi. A  savoir son amour du Christ qui révèle dans sa chair ce Dieu que les philosophes ne peuvent qu’entrevoir, sa pratique de l’eucharistie qui soutient sa vie et la résurrection, objet de l’un de ses livres. François nous fait part aussi d’une expérience « mystique » à l’âge de l’adolescence à laquelle il revient constamment comme à un substrat de tous ses engagements ultérieurs.

Pour le reste, il faut faire crédit au proverbe portugais qui sert de prologue au texte de François : « Dieu écrit droit sur des lignes courbes ». Et cela vaut pour tous les dominicains : ceux qui sont partis sans être vraiment partis et ceux qui restent à la maison sans qu’ils ne soient à l’abri de toute envie de fuite. Lequel d‘entre nous n’a pas vu un jour ses « plans de carrière » mis à mal par la décision d’un supérieur à qui il avait pourtant fait vœu d’obéir ? Mais il arrive aussi que ces « lignes courbes »  soient fécondes de joies abondantes et inespérées.

L’important  - et François le souligne - est de ne pas être seul au moments des choix décisifs. J’ai lu avec tristesse que c’était dans notre couvent de Genève que François, alors jeune vicaire, aurait aimé trouver l’écoute qui lui a fait défaut. Je ne commenterai pas ses propos. Je m’invite plutôt avec mes frères dominicains à en tenir compte. Rien ne sert de mettre au monde de nouveaux enfants si on les abandonne dès qu’ils ont quitté leur nid douillet, nourricier et protecteur.

© Saint-Augustin

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