Lumière en EMS

Les Etablissements médicaux-sociaux (EMS) où sont « parqués » les vieillards handicapés ou incurables n’ont rien des Jardins suspendus de Babylone. Malgré les efforts ingénieux et généreux de leur personnel pour donner le change. Il arrive toutefois que des rencontres inopinées en ces lieux de souffrance et de muette résignation réveillent notre courage de vivre.

Ainsi, au retour d’une visite à un vieil ami pensionnaire d’un EMS, un autre vieil ami me fait signe en poussant le fauteuil roulant d’une dame, âgée elle aussi. C’est un nonagénaire, le dos courbé sous le poids des rhumatismes, et sa chère épouse atteinte du mal détecté par un certain docteur Alzheimer.  

Je m’approche et suis envahi par la lumière qui émane de ce couple, attendri et attendrissant, comme aux jours de ses vingt ans. Deux regards paisibles et aimants s’entrecroisent en silence. C’est l’amour devenu agapè, contre lequel la souffrance et la mort n’ont pas de prise ni d’emprise.

Je rentre chez moi chantant, comme Gilles autrefois, l’« éternité de l’amour ».