Manifeste pour la renaissance du Christianisme

Christine Pedotti – Anne Soupa : Espérez ! Manifeste pour la renaissance du Christianisme, Ed. Albin Michel 2022, 205 pages.

Qui, dans le labyrinthe du catholicisme francophone, n’a pas entendu parler de ces deux dames parisiennes ? Elles ont défrayé la chronique religieuse ces dernières années. Entre autre, par leur pamphlet: « Les Pieds dans le bénitier ». Une publication qui faisait suite aux altercations qui les opposèrent un jour au cardinal Vingt-Trois, alors archevêque de Paris.

Ces deux écrivaines engagées sont aussi très prolifiques. Trois pages de notices bibliographiques énumèrent à la fin du présent ouvrage les diverses productions littéraires redevables à l’une ou à l’autre ou encore à leur plume commune. Le résultat est impressionnant.

L’activité de Christine Pedotti et de Anne Soupa dépasse cependant leur écritoire. Ces deux amies veulent mobiliser les catholiques de France et d’ailleurs. On connaissait déjà leur « Comité de la jupe » et leur « Conférence des baptisés catholiques de francophonie ». Et voici, depuis octobre 2022. « La fondation pour la renaissance du christianisme », une entreprise munie d’accès informatiques pour intéresser le plus grand nombre.

Nos deux auteures ne sont pas des novices dans ce genre de réflexion et d’animation. Anne Soupa est une bibliste avertie qui a fait ses preuves. L’esclandre provoqué par sa candidature à la charge d’archevêque de Lyon ne devrait pas la desservir outre mesure. Il pourrait même lui valoir la sympathie d’une partie non négligeable de son lectorat.

Quant à Christine Pedotti, actuelle directrice de « Témoignage chrétien », elle s’est illustrée naguère sous le pseudonyme « De Pietro De Paulo » dans une série de biographies romanesques, mais, à vrai dire, fort peu fictives, de prêtres et d’évêques de sa génération. Des ouvrages écrits avec finesse et sensibilité et qui témoignent de cette femme-écrivain une réelle empathie pour les hommes d’Eglise qui ont croisé son chemin. J’ai lu ces ouvrages avec émotion.

« Espérez ! », le dernier ouvrage commun de nos deux auteures, se présente comme un « Manifeste pour la renaissance du christianisme ». Non que cette religion ait sombré du seul fait de la conduite déplorable des clercs, mais parce que l’espérance qui devrait faire vivre les chrétiens et dont ils sont porteurs pour le monde s’est gravement étiolée ces derniers temps. Eux aussi cèdent à la lassitude générale, alors qu’ils disposent de moyens d’y résister. Et nos deux amies de ranimer la flamme de l’espérance et raviver nos sources spirituelles. Mais encore faut-il que les chrétiens prennent conscience de leur trésor et rendent compte de leur espérance, comme l’apôtre Pierre les y invite dans sa Première Lettre (I Pierre 3,15).

Il n’est pas inutile de mentionner les questions fondamentales qui ont suscité la réflexion tonique des auteures. Des réflexions, précisent-elles, qui méritent d’être revisitées et approfondies. Les voici : « Qu’est-ce que l’être humain ? Qui est Dieu ? Sommes-nous libres ? Que faire du mal ? Quel est notre rapport au temps ? Où est notre espérance ? » (op.cit. p.168). Chaque réponse à l’une de ces questions fait l’objet d’un court résumé en conclusion du chapitre qui la concerne.

« In cauda venenum ! ». J’ai apprécié le corps de cet ouvrage, mais beaucoup moins ses annexes intitulées « Points chauds ». Autrement dit, les questions qui fâchent ! Non que je mette en doute leur urgence et leur importance, mais je déplore la façon cavalière dont nos dames les traitent. A mon avis, les auteures ne tiennent pas suffisamment compte de leur complexité et de la situation des personnes qui y sont exposées. Ce n’est pas en quelques déclarations péremptoires que l’on règle les problèmes d’aide au suicide, la sexualité, ou les relations interreligieuses, pour ne retenir que ceux-ci. Je regretterais que ces ajouts trop brefs puissent nuire au crédit de leurs auteures. J’attends de leur part un débat plus approfondi sur ces thèmes actuels et combien délicats.