Marie-Noël

Je viens de lire un article paru dans La Liberté du 30 décembre 1967 dans lequel l’Abbé Ernest Dutoit rend hommage à Marie-Noël née en 1883 et décédée la veille de la fête de la Nativité en cette année 1967.

Je lis aujourd’hui ces lignes avec reconnaissance et émotion, retrouvant la plume de celui qui fut mon professeur de Lettres grecques, latines et françaises et qui m’initia aux grands auteurs contemporains. C’était lors de ma dernière année de lycée au Collège St-Michel de Fribourg en 1955-1956.

J’étais loin de soupçonner alors la complicité littéraire et spirituelle     qui liait mon professeur à la poétesse d’Auxerre. Ce n’est que plus tard que je découvris Marie-Noël à travers ses Notes Intimes, bien plus qu’à travers ses poèmes. Il est question de nos jours d’ouvrir un procès de béatification à cette chrétienne effacée, mais qui entrait souvent en débat avec son Dieu et son Eglise.

Quelques vers cités par l’Abbé Dutoit dans son article me font entrer dans l’intimité de cette grande dame.

Je suis l’alouette de mai,

Qui s’élance dans le matin à tire-d’aile.

Je suis l’alouette de mai,

Qui court après son cœur jusqu’au bout du ciel gai.

Alouette, chante-petit

Qui revenez du Paradis

Que faites-vous, sans voix ni vol,

Quand vous retombez sur le sol.

Mon Dieu qui donnes l’eau tous les jours à la source,

Donne de quoi chanter à moi, pauvre poète.

Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont,

Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête

Les airs que la vie et la mort y font.

Quand donc viendra la mort dont les pas font frémir

Pour qu’enfin de l’aimer enfin je me repose

Il sera doux le jour où de la chambre close

On joindra les volets pour me laisser dormir.

O vous que l’Eternel entre toutes choisit

Quand, las de vengeance, il voulut choir sur terre et se faire petit.

Pour vous quelle chance,

Sans le secours d’un mari,

Sur un mot du Verbe,

De mettre au monde ébahi

Ce petit superbe !