Ma vie avec Mauriac

Bernard Cazeneuve, Ma vie avec Mauriac. Éditions Gallimard 2023, 113 pages.

Beaucoup de mes congénères qui fréquentèrent les mêmes collèges d’inspiration catholique que moi il y a presque un siècle ne seront pas étonnés de mon choix de lecture. Je parle d’un livre récent consacré à un auteur présenté par nos professeurs ensoutanés comme un des rares auteurs de leur temps qui méritaient d’être lus. On lui adjoignait bien sûr Claudel et les plus audacieux Bernanos et même Péguy.

On ne à ce que Bernard Cazeneuve, un homme politique qui fut premier ministre, puisse prêter attention aux romans de François Mauriac lus et commentés dans les bonnes familles catholiques du début du siècle dernier, hormis leur qualité littéraire. Mais il y eut le fameux Blog- Notes du même auteur qui commença de paraître dans un magazine des années 60 qui fit de Mauriac un compagnon de vie de Cazeneuve, alors que tout au départ les séparait ou les opposait.

Cazeneuve s’approprie à la fin de son livre les propos de Touzot introduisant l’édition complète du Blog-Notes de Mauriac chez Laffont en 2020 pour reconnaître « l’inépuisable source d’inspiration que constitue pour l’homme public cette contribution inédite à la compréhension du siècle passé et des tragédies qui l’ont traversé ». Une même recherche de vérité et de justice chez l’un et l’autre.

Cazenave avait neuf ans quand dans la bibliothèque de sa grand-mère prit entre en mains « Le Noeud de vipères » de Mauriac croyant qu’il s’agissait d’un livre sur les reptiles qu’il avait en horreur. En fait, l’enfant voulait jouer à se faire peur.

Mais le futur Blog-Notes  dénonçera la médiocrité politique d’une époque. Celle de Cazeneuve précisément. Seuls quelques rares figures échappèrent au jugement sévère de Mauriac. Tels de Gaulle ou Mendez-France. Les vipères parisiennes étaient plus venimeuses que les reptiles de Gironde. Cazeneuve l’apprendra de l’académicien.