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Maurice Tornay

  • Fr. Guy

Un martyr suisse revisité

J’avais 14 ans quand Maurice Tornay entra dans ma vie.

Robert Loup, directeur de l’Ecole secondaire d’Estavayer-le-Lac où j’étais élève, m’offrit son dernier livre intitulé : Martyr au Tibet. Maurice Tornay, chanoine régulier du Grand-St-Bernard 1910-1949. Ce livre, dédié à Mgr Nestor Adam, Prévôt de cette congrégation canoniale qui devint plus tard évêque de Sion, fut publié en 1950, l’année qui suivit l’assassinat du chanoine Tornay en route vers Lhassa dans le but d’obtenir du dalai lama l’autorisation de s’établir sur le territoire du Tibet interdit, précisément à Yerkalo d’où les lamas locaux l’avait expulsé manu militari.

Cette expédition fut payée au prix de la vie de ce missionnaire valaisan, aimant jusqu’à la mort ses fidèles privés de leur pasteur. Le livre de Robert Loup fut la première biographie de ce chanoine appelé martyr un an seulement après sa mort violente et que Jean-Paul II béatifia le 16 mai 1993.

La reconnaissance officielle de l’Eglise des mérites de Maurice Tornay suscita plusieurs publications sur la vie et la mission de ce chanoine valaisan. On créa dans son village natal un musée en son honneur et on organisa des pèlerinages sur sa tombe à Yerkalo, devenu de nos jours territoire chinois.

Mais qu’en est-il des propos authentiques de Maurice Tornay contenus dans ses lettres et autres écrits personnels ? Il faudra attendre le mois qui précéda sa béatification, soit avril 1993, pour que paraisse chez Brepols la première édition – partielle – de ses « Ecrits valaisans et tibétains ». Un choix de textes présentés et annotés par Jacques Darbellay, décédé depuis lors. J’avais fait mon miel de cette édition, appréciant la transparence, la ténacité, la foi et même l’obstination de ce missionnaire né à La Rosière, un hameau d’Orsière, sur la route qui mène au col du Grand-Saint-Bernard.

Et voici que je découvre – avec retard – une édition « intégrale » de ces mêmes Ecrits parue chez le même éditeur Brepols en 2018, soit 25 ans après la première édition « partielle ». Cet ouvrage de 375 pages, scientifiquement élaboré, paraît dans la même collection que le premier désignée sous le titre : « Sous la règle de saint Augustin ».

Cette nouvelle œuvre ajoute au « corpus Maurice Tornay» de nouvelles lettres inédites, restitue dans leur intégralité des passages qui avaient été tronqués ou censurés et amplifie la liste des récits. Soit au total 161 lettres autographes, échelonnées sur une période allant de 1925 (Tornay est collégien à Saint-Maurice) à 1949 (Yerkalo, l’année de sa mort).

Ajoutées aux récits, aux croquis, aux extraits de Journal, ces lettres constituent un document essentiel qui donne accès non seulement au déroulement factuel des épisodes de la vie du missionnaire, mais à sa personnalité et aux profondes motivations qui l’ont conduit sur ce chemin peu ordinaire.

Les historiens de la mission, comme ceux qui se retrouvent au CREDIC auquel ce blog a déjà fait allusion, s’intéresseront à cette publication. Mais il se pourrait aussi que des lecteurs influencés par les apports de la philosophie ou de la spiritualité bouddhiste et hindouiste ne comprennent pas les raisons qui ont amené des occidentaux à convertir à la foi chrétienne des Tibétains ou des Indiens.

A défaut de saluer un héros de la foi chrétienne, gageons que les jeunes générations admireront chez Maurice le courage et le don de soi d’un homme encore jeune qui accepta non seulement de mourir pour ses idées, mais par amour de gens lointains et différents chez qui il percevait la détresse et l’humanité.

Maurice Tornay portant ses couleurs et sa casquette de l'Agaunia. Wikipédia.

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