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Même ma nuit est lumière !

  • Fr. Guy

Un petit chef d’œuvre du frère Grégoire

Grégoire L. Huyghues-Beaufond : Tu éclaires ma nuit, Cerf 2021, 150 pages.

On me permettra d’appeler simplement « Grégoire » ce jeune frère dominicain que je croisai à quelques reprises à Fribourg au temps pas si lointain de ses études théologiques de base. Le voici aujourd’hui, encore étudiant, mais à Lyon, attelé à la rédaction d’une thèse de doctorat en théologie biblique.

Je ne suis pas le premier à appeler « chef d’œuvre » son petit livre qui se distingue dans la déferlante de littérature pieuse prétendant nous faire entrevoir un filet de lumière dans la nuit opaque qui menace de nous engloutir. Grégoire poursuit le même but, mais il ne le fait pas doctement, par zèle et application. Son style est plus subtil et élégant. Il procède par allusion à d’authentiques expériences d’ombre et de clarté que nous partageons avec lui.

Pour nous aider à sortir de l’obscurité, Grégoire fait preuve d’un art et d’une culture littéraire qui ne laisse personne indifférent. L’auteur s’est frotté aux poètes et aux mystiques de tous les temps. Des guides privilégiés toutefois lui donnent la main : les deux Sirac, le grand-père hébreu et son petit-fils alexandrin qui l’a traduit en grec, ainsi que les deux amoureux du Cantique. Il met en lumière chez ces auteurs bibliques toute la richesse humaine qui est faite d’intelligente retenue, mais aussi de désir inextinguible. Impossible d’en faire l’impasse si on veut croire à la venue du jour quand la nuit nous oppresse.

Cette paraphrase du Cantique suffira à nous convaincre :

« Parfois, et c’est heureux, la découverte de l’amour qui nous attend et même vient nous guetter à la fenêtre peut nous faire sortir de la chambre et parcourir la ville. Parfois le désir que le Seigneur a de nous est d’une évidence si irrésistible qu’il ranime et alimente notre désir,

Il y a aussi des heures où cela nous est bien moins clair : que Dieu nous aime, que nous en valons la peine. Alors on ne peut pas courir, on ne peut que piétinement faire notre part. Ce peut être le temps long et besogneux, parfois morne et inutile en apparence de la lecture de la bible et l’écoute des mots reçus de tradition. Tout ce qui parle à notre intelligence pour nous persuader que Dieu existe, qu’il nous aime et veut être vivant (…).

Après les nuits dans l’angoisse et la frayeur (…) c’est un dimanche, c’est le jardin : la vie du bien-aimé, la vie pour nous plus forte que la nuit, et le désir plus grand que toute mort.

Parfois nous croyons, parfois nous ne pouvons que vouloir crore, tellement cela est difficile. » (p.141-142)

© Éditions du Cerf

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