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Miracles en pays de Fribourg

  • Fr. Guy

Un livre de Josiane Ferrari-Clément

Josiane Ferrari-Clément, Miracles et pèlerinages au pays de Fribourg. Ils ont reçu parce qu’ils ont cru, Editions Cabédita, Bière 2019, 122 pages.

Les Editions Cabédita ont habitué leurs lecteurs à découvrir les paysages, le folklore et l’histoire de la Romandie, mais en se gardant bien de prendre parti en matière théologique et spirituelle. Le pas semble désormais franchi avec cet ouvrage qui poursuit un double objectif: présenter quelques lieux de pèlerinage fribourgeois et attester la vérité des faits miraculeux qui s’y seraient produits.

L’auteure a beau se présenter comme historienne, ce livre veut conforter sa foi et, du même coup, confondre les intellectuels rationalistes - fussent-ils prêtres ou théologiens -  qui tournent en dérision ou mettent en doute ce genre de phénomènes. Elle le fait avec d’autant plus de conviction que contrairement au message des sources qu’elle a consultées et analysées, l’incrédulité semble être désormais victorieuse et les pèlerinages délaissés, voire carrément abandonnés.

Une dizaine d’endroits ont été sélectionnés par l’auteure. Parmi eux, celui de Notre-Dame de Bonnefontaine dans la paroisse de Cheyres a enchanté mon enfance, puisque mon village natal était très proche de ce site dominant le lac de Neuchâtel. On y accourait alors en joyeuses promenades autant qu’en processions, heureux de boire à la source, de s’y frotter les yeux et d’adresser un ou deux Ave à la Bonne-Mère qui régnait en ce lieu. A cette époque, personne ne parlait de miracles ou d’apparitions, mais la  dévotion était réelle. Josiane Ferrai, qui a épluché les archives locales, a déterré un ou deux miraculés, depuis longtemps enfouis dans l’oubli. Surtout, elle relate l’histoire mouvementée de ce lieu de prière dont les offrandes attisaient les convoitises de l’Etat de Fribourg et des paroisses voisines.

Si l’auteure avait poussé sa recherche plus en avant, elle aurait pu aussi mentionner l’émoi des dévots de Notre-Dame de Bonnefontaine quand, dans les années cinquante du siècle dernier, une autorité ecclésiastique de la région s’avisa d’éloigner la vieille statue sulpicienne pour la remplacer par une création originale due à un sculpteur italien. Sous la pression populaire, le malheureux doyen dut faire marche arrière et rétablir dans son domaine l’ancienne reine douairière. J’ignore à ce jour ce qu’est devenue l’usurpatrice momentanée.[1]

Au terme de la lecture du livre de Josiane Ferrari-Clément, je formule deux remarques. La première est un constat. La religion dite « populaire » est le soubassement  ou l’humus qui fait germer et grandir la foi. Eradiquer brutalement ces manifestations comme autant de parasites inutiles, c’est donner libre cours à l’irréligion. L’effondrement  du catholicisme fribourgeois en donne une preuve saisissante.

Et voici ma seconde remarque. Pendant des siècles, les chrétiens comme Jésus et ses frères juifs ont vécu « les cieux ouvert ». Comme sur l’échelle de Jacob, les anges montaient et descendaient sans étonner personne. Le monde surnaturel était à fleur de peau. Mais aujourd’hui les cieux sont fermés. L’homme n’a plus besoin de Dieu ou de diable pour résoudre ses problèmes. Il rêve même d’un « royaume transhumaniste » qui ne serait que l’œuvre  de ses mains. Cette question devrait préoccuper les croyants qui ne désespèrent pas de se confier à un Etre qui les dépasse.

 


[1] La nouvelle statue de Notre-Dame de Bonnefontaine aurait dû figurer en 1950 dans le défilé des statues et images de la Vierge  vénérées dans le diocèse et qui s’étaient données rendez-vous à la Basilique Notre-Dame de Fribourg. Impressionnante manifestation de piété mariale pour honorer la proclamation du dogme de l’Assomption, le 1er novembre 1950. O tempora ! O mores !

© Cabédita

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