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Monsieur de Genève

  • Fr. Guy

Rien par force, tout par amour !

Nous fêtions ce dernier dimanche dans notre diocèse un saint que l’on appelait en son temps Monsieur de Genève. Pourtant, François de Sales, devenu évêque en 1602, l’année même de l’Escalade, ne prit jamais possession de sa cathédrale transformée en temple réformé quelques décennies plus tôt. Et de surcroît chargé de ramener à la foi catholique une partie de son diocèse indûment annexée à « La Rome protestante ». Une mission difficile pour cet évêque vagabond et clandestin. Un peu comme le fameux roi Jean sans Terre, désireux de reconstituer le royaume dont il avait été dépouillé.

Alors que son souverain, le Duc de Savoie, était tenté d’utiliser la contrainte pour ramener ses sujets à l’ancienne foi, François s’y opposa. On a retenu une de ses devises préférées : « Rien par force, tout par amour ». Et il s’employa à lui faire honneur, souvent au risque de sa vie. J’ai visité à quelques lieues de mon couvent le refuge qui lui servait d’abri au milieu d’une région hostile. Tout en retenant le bras de son prince qui rêvait de croiser du fer pour ramener à la raison des « hérétiques » obstinés.

La méthode missionnaire de François me paraît heureusement décrite dans cette recette qu’il avait lui-même concoctée : « Dans la conduite des âmes, il faut une tasse de science, un baril de prudence et un océan de patience ». Nos évangélisateurs modernes de toute robe feraient bien d’utiliser dans leur juste proportion ces ingrédients essentiels à une gastronomie œcuménique de qualité. Refusant d’agresser par les armes ses opposants, privé de chaire pour les admonester et les endoctriner, François rédigeait de petits billets, extraits de son catéchisme, qu’il se contentait de glisser sous leurs portes. Il préférait attendre avec patience le jour où il discuterait pacifiquement avec eux du bien-fondé de ses arguments. Est-ce la raison pour laquelle on a fait de François de Sales le patron des journalistes ?

Que ceux et celles qui assimilent François à un polémiste poussiéreux et intolérant se souviennent que cet évêque fut aussi un chantre de l’Amour de Dieu et de l’amour tout court. Tous aimés de Dieu, mais chacun à sa manière. Comme cet océan fleuri que Monsieur de Genève admirait dans l’échoppe d’une « bouquetière » qui tirait de ce jardin une foule de petits bouquets diversement colorés. Cette image printanière sert d’exorde à l’ouvrage le plus célèbre de François de Sales : « Introduction à la vie dévote ».

« Le monde, écrivait-il encore, est né de l’amour, il est soutenu par l’amour, il va vers l’amour, il entre dans l’amour. »

Détail d'un portrait de saint François de Sales au couvent St-Dominique à Genève (image : la rédaction)

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