Notre-Dame et le coronavirus

François Cheng : A Notre-Dame. Une communion universelle, Salvator, 2020.

« Le 15 avril 2019, 18h45, c’est arrivé ! Cette flamme jaillie de ses entrailles et qui monte jusqu'au ciel, avec une fureur stupéfiante, devant laquelle tout effort humain semble vain. L’Histoire n’oubliera plus la scène ; elle a d’emblée retenu la date ». Ainsi s’exprimait l’académicien François Cheng dans l’émission télévisée « La grande librairie », deux jours après l’incendie de Notre-Dame de Paris.

Ses paroles fortes, chargées d’un poids émotionnel exceptionnel ont fait le tour de la France.  A tel point qu’à la demande de nombreux téléspectateurs, Cheng a accepté de publier l’essentiel de sa déclaration, accompagnée de quelques commentaires reçus par email. Un an s’est écoulé depuis ce drame. Il a fallu cet incendie – comme la mort d’une mère ! – pour que l’âme commune de tout un peuple se révèle au-delà de ses divisions et oppositions habituelles.

Selon Cheng, cette émotion ne fut pas seulement française, mais universelle. Elle déboucha vers une communion planétaire inattendue : « Par-delà la monstrueuse flamme, par-delà l’horizon quotidien, Il (l’auteur) assiste à une mémorable communion universelle qu’aucun artifice humain n’aurait réussi à créer. » On s’en souvient, le sauvetage de la cathédrale dévorée par les flammes suscita à l’époque un élan de solidarité internationale qui mit en évidence les ressors profonds de notre commune humanité.

Je rapproche ce fait, somme toute anecdotique, de la pandémie qui nous affecter ces jours. Ce fléau suscite aussi une émotion universelle.  Le coronavirus ne connaît pas de frontières. Même si on lui interdit de les transgresser. Paradoxalement, il suscite une prise de conscience universelle et des actes de bravoure et de solidarité qui, comme lui, sont « sans frontières ».

Mais fallait-il cette catastrophe sanitaire mondiale pour nous convaincre que nous appartenons tous et toutes à une commune humanité ?