Odeurs de sainteté

Je viens de parcourir un livre récent de notre sœur dominicaine Anne Lécu, médecin, philosophe, auteure aux multiples facettes et présente en milieu carcéral depuis vingt ans. Son titre : « Tu m’as consacrée d’un parfum de joie ». Livre de 192 pages, paru aux Editions du Cerf cette année 2019.

Il aura fallu toute l’érudition biblique et patristique d’Anne Lécu – et son charme littéraire – pour me persuader que la Bible est embaumée de parfums de toute senteur et de toute origine. Les récits de l’enfance de Jésus prennent un nouveau sens quand les odeurs de l’étable et les présents des mages chatouillent nos narines. De même que les fragrances qui se dégagent de la robe de Joseph, fils et frère perdu et retrouvé, celles de la construction de la « demeure » dans le désert, de la bien-aimée du Cantique et, bien sûr, de l’onction du corps du Christ et de son embaumement. Les interprétations symboliques et mystiques de notre frère Jacques de Voragine et celles des Pères de l’Eglise – surtout Grecs – ne manquent pas d’être délicieuses elles aussi, comme le nard et l’aloès.

Hors de la Bible et la prolongeant, Anne Lécu s’affiche experte du saint-chrême : son histoire, sa composition, son usage liturgique et les rites de sa consécration. Voilà qui ravira les catéchistes souvent empruntés face à de jeunes confirmands désireux de connaître le sens du geste de l’évêque passant sur leur front son pouce imbibé d’huile parfumée. Il est bien sûr d’autres usages de ce livre. Ne serait-ce que celui de se faire plaisir.