Oscar Cullmann sort du purgatoire !

Un livre récent ravive en moi le souvenir d’un théologien – oublié – dont la pensée m’avait habité alors que je mettais un terme à mes études universitaires fribourgeoises.

Le « régent » de mes études dominicaines, le père Heinrich Strinimann, m’avait mis sur la piste d’un théologien protestant alsacien dont le renom ne cessait de grandir dans l’Eglise catholique. Paul VI l’avait invité à suivre les sessions du Concile. Il s’agissait du professeur Oscar Cullmann (1902-1999), qui partageait son enseignement universitaire à Bâle, Strasbourg et Paris.

Matthieu Arnold qui compta parmi les élèves et les intimes de Cullmann vient de le faire sortir de son purgatoire grâce à son livre paru cette année aux éditions Olivétan, dans la collection Figures protestantes et intitulé : « Oscar Cullmann. Un docteur de l’Eglise ».

Cullmann : docteur de l’Eglise ?  Ce grade prestigieux était jusque là conféré à quelques éminences catholiques. Mais pourquoi en priver Cullmann qui passa sa très longue vie au service d’une Eglise qu’il aspirait de toutes ses forces à voir un jour unie, mais dans le respect de chacune de ses composantes ?

Cullmann fut aussi un exégète minutieux, le regard fixé sur Jésus, dont il analysa très finement les titres et qui lisait la Bible comme « une histoire du salut ».

Un homme d’Eglise aussi passionné par la liturgie des sacrements et les fêtes chrétiennes, un de ses derniers ouvrages était consacré à l’origine et au symbole de « l’arbre de Noël ».

Un homme de terroir enfin, épris de paix, qui vécut dans sa chair quatre changements successifs de souveraineté de sa patrie alsacienne et les aléas douloureux de deux guerres mondiales qui frappèrent l’Alsace.

Sans qu’il ne perdît pour autant sa sérénité, sa foi et son espérance.

En témoigne le tout dernier ouvrage qu’il fit paraître en 1995, à l’âge de 92 ans. Le titre à lui seul est révélateur d’une « grande âme » à l’écoute des souffrances : « La prière dans le Nouveau Testament. Essai de réponse à des questions contemporaines ».

Oscar Cullmann ne fut pas un théologien de chambre, de bibliothèque ou de salon. Mais un chrétien engagé au service de ses frères.