Paul Claudel ressuscité !

Je viens de lire les soixante petits feuillets qu’Emmanuel Godo a consacrés à Paul Claudel et intitulés : « Une saison avec Claudel ». En fait, une chronique parue dans le magazine La Vie et éditée en 2019 chez Salvator.

A ma honte, j’avoue ne pas connaître l’auteur de ce petit livre, professeur de littérature en classe préparatoire, familier des génies qui ont peuplé et fasciné ma jeunesse : Hugo, Huysmans, Bloy, Sartre et bien sûr Claudel.

De nos jours, passer une saison avec Paul Claudel paraît étrange et même saugrenu. L’ « opinion » contemporaine a  relégué ce poète, si ce n’est au profond des enfers, du moins dans les oubliettes  du purgatoire où Il expie un crime familial dont fut victime sa sœur Camille, internée malgré elle dans un asile psychiatrique. Cette sombre histoire a jeté un discrédit sur l’ensemble de l’œuvre de Paul Claudel, déjà suspecté de  « catholicisme ».

Emmanuel Godo, cependant, en quelques pages toniques et lumineuses entreprend de réhabiliter la pensée claudélienne. Il la propose à la jeunesse de notre temps comme une antidote à l’égarement, au non sens, à la déprime et aux tentations suicidaires. Une force tranquille et positive émane de Paul Claudel, soutenue par une foi simple et tenace, qui puise aux meilleures sources et ne s’évade jamais du quotidien. Au sommaire de ce fascicule, un éventail de réflexions « classiques » sur l’acte de croire, la joie, l’amour, la parole, le mal et la prière.

Je ne résiste pas au plaisir de retranscrire ici la prière « silencieuse » adressée par le poète à la Vierge sur le coup de midi. Claudel, ni saint ni bégueule, se livre tout entier :

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.

Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.

Je n’ai rien à offrir et rien à demander.

Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.

Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela,

Que je suis votre fils et que vous êtes là.