Pour que la fête continue !

La « religion populaire », selon certains experts, a encore de beaux jours devant elle. Elle mériterait même d’être revalorisée. De quoi s’agit-il ? D’expressions de la foi plus proches des lumignons, de l’encens et des rosaires que des sommes théologiques anciennes ou modernes. « Ce qui reste de la religion », selon les esprits chagrins, perturbés par la vague de sécularisation qui semble tout emporter.

Eh bien, je me suis plongé durant dix jours dans ces eaux-là. Une cure  qui m’a revigoré sur tous les plans. Cela ne s’est pas passé chez les Mayas du Mexique, ni chez les chamans de Mongolie ou les druides des Côtes d’Armor, mais au cœur du Jura, à la chapelle du Vorbourg qui depuis plus d’un siècle draine chaque deuxième semaine de septembre plusieurs centaines de pèlerins venus prier celle qu’ils appellent « gardienne de la foi ».

Deux fois par jour, j’avais mission d’apporter à ces aînés dont je fais aussi partie ce qu’ils appelaient « bonne parole » et que je souhaitais être une « bonne nouvelle » :

Pratiques à l’ancienne, diriez-vous, mais riches d’un épais terreau qui survit aux épreuves de la vie. « Vieillissant, ils fructifient encore ! », avais-je envie de m’exclamer face à ces pèlerins, reprenant à leur endroit ce verset psalmique particulièrement tonique. Et que seraient les « Fêtes du Vorbourg » si elles ne donnaient lieu à de joyeuses retrouvailles sous le porche de la chapelle ou autour de la table généreuse du curé du lieu ? Surtout, si les rencontres se prolongent par une friture de carpes dégustée sur la terrasse ensoleillée d’un restaurant campé au milieu des pâturages voisins. 

Au Vorbourg, on ne vénère pas seulement une Vierge couronnée et une pietà endolorie. On y évoque aussi les noces de Cana où Marie participe avec son fils à l’allégresse générale. Mieux encore, l’un et l’autre interviennent pour que la fête continue.