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Quand Grosjean en remontre à son curé!

  • Fr. Guy

Le périple canadien du pape François

Je me défends de tenir dans ce blog le rôle de « Grosjean qui en remontre à son curé ». Mais, tout de même, je me permets de revenir sur certaines images du dernier voyage du pape François au Canada et sur quelques uns de ses propos qui ont attisé ma réflexion.

Tout d’abord, les photos. Pour moi quasi insoutenables quand elles nous montrent ce vieil homme – il se fait que je suis de quelques mois son aîné ! – pitoyablement appuyé sur sa canne, le visage fermé et douloureux, face à des centaines de croix alignées dans un cimetière d’Edmonton. Chacune devait signaler la tombe d’un enfant autochtones victime d’enlèvement et de maltraitances subies dans un pensionnat prétendument « catholique », du siècle dernier.

J’ai été particulièrement frappé par la demande de pardon formulée par cet homme seul pour des crimes qu’il n’a jamais commis et, tout comme moi, dont il ignorait jusqu’à peu l’existence.

« Je ne suis que le pape », plaisantait un de ses prédécesseurs. La juridiction de l’évêque de Rome ne rend pas le pasteur de cette ville responsable de tous les péchés commis par ses coreligionnaires répandus dans le monde entier depuis deux millénaires. Ou alors, j’aimerais qu’on m’explique à frais nouveaux ce que signifie la « juridiction universelle du pontife romain », telle que l’a définie le premier concile du Vatican, en 1870.

Ma seconde remarque est plus fondamentale. Le pape François a raison de s’en prendre au colonialisme qui non seulement dépouille un peuple de ses ressources naturelles, mais l’asservit encore à une culture étrangère, tout en détruisant au passage ses richesses spirituelles. Voilà qui pourrait mettre en cause le devoir missionnaire de l’Eglise, souvent annexé et confondu dans l’histoire avec le pouvoir colonial.

Mais il y a plus encore. La « bonne nouvelle » de Jésus est liée elle aussi à un cadre culturel bien particulier. Peut-on saisir l’originalité de la pensée de Jésus en ignorant le véhicule juif qui la porte ? On pourrait en dire autant des catéchismes, des formules conciliaires, des liturgies et, bien sûr, de nos homélies et prédications qui portent inévitablement la marque de la culture et de la pratique religieuse de leur époque.

De graves questions sont donc soulevées par le pape au cours de son périple canadien. Le christianisme « chimiquement pur » n’existe pas. Mieux vaut s’en rendre compte et refuser d’idolâtrer des formules nécessaires certes, quoique passagères. Laissons-nous plutôt interpeller par ce qui demeure, par ce qui est au cœur de la foi de Jésus. A savoir, le respect et l’amour inconditionnel porté à tout être humain, fils et fille d’un même Père très aimant.

Notre comportement chrétien est suspendu à ce principe vraiment universel. Il traverse les frontières des peuples et leurs cultures. Quant à trier le bon grain de l’ivraie… c’est l’affaire des anges !

(image : MapGrid/Wikimédia. Cette image est sous licence internationale Attribution-ShareAlike 4.0 International)

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