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Retour sur « Le Déserteur »

  • Fr. Guy

Un « mythe » toujours actuel

Mon texte sur « Le Déserteur », comme les petites marionnettes de la chansonnette, n’a fait que trois petits tours sur le site cath.ch, puis s’en est allé.

Des actualités plus prégnantes ont eu raison de mon « héros » de pacotille. Pouvait-il faire face à l’éloge d’un cardinal défunt ou à la sédition d’un Président américain ?

Bon ! Mythique ou non, mon « Déserteur » est symptomatique de ce qui nous arrive de vivre encore aujourd’hui. De là, sa relative et modeste actualité. 

Au cœur de son histoire couve une maladie de l’âme bien connue appelée « culpabilité ». En sont la cause des fautes passées, prescrites ou non, fictives ou réelles, qui torturent la conscience d’un individu ou d’une société.

Je n’invente rien.

Cette culpabilité ravive le remord de mauvais traitements qu’on a fait subir à des victimes qui ne sont plus là pour s’en plaindre. Ainsi, le souvenir de l’esclavage des Noirs du Nouveau Monde alimente aujourd’hui la culpabilité collective de notre société occidentale. Il a fallu attendre notre époque pour qu’elle se rende compte que l’esclavage était un crime.

Le « Déserteur, » lui, promène son mal-être sur les sentiers valaisans. Il se sent coupable d’un crime, réel ou imaginaire, connu de lui seul. A la recherche d’expiation, c’est certain. La vie dure et les privations qu’il s’impose ne s’expliquent pas seulement par la peur du gendarme. La propagation de ses images pieuses veut faire surgir le bien pour réparer ou effacer un mal (lequel ?) commis jadis et connu de lui seul.

J’ai perçu aussi dans ce personnage mystérieux la candeur et la foi simple de beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants de notre temps. Anonymes comme le « Déserteur », relégués au dernier rang de nos Eglises pharisiennes, ils allument un cierge devant saint Antoine ou sainte Rita. Ils seront les premiers à nous ouvrir les portes du Royaume des cieux.

Enfin, mon Déserteur, sans nom ni CV, est le symbole du réfugié qui frappe à ma porte. Je ne sais rien de la souffrance qui l’amène chez moi. Si ce n’est que je le croise sur ma route sans papiers et toujours sur le qui-vive, contraint d’avoir dû « déserter » son chez lui et mendier dans mon chez moi son droit d’exister. Au prix de petits boulots déshonorés et mal payés que personne à sa place ne voudrait ici exécuter.

« L'esclave captif », John Philip Simpson, 1827. Art Institute of Chicago. Wikipédia.

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