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Rêve et réalité

  • Fr. Guy

L’Apocalypse et l’Evangile

Récemment, lors d’une célébration d’adieu à une maman centenaire, un de ses fils choisit de faire entendre à l’assemblée le chapitre 21 de l’Apocalypse : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ».

Un vieux monde s’en va. Un autre tout neuf s’en vient. La première création disparaît pour laisser place à une autre qui ne connaîtra ni la mort ni les larmes.

Ce passage biblique me ramène à mon école primaire. Quand je n’étais pas content de ma copie, il m’arrivait de la déchirer de haut en bas et d’en écrire une nouvelle. Une opération facilitée aujourd’hui par l’ordinateur. Il suffit d’actionner la touche « effacer » et s’envole tout ce qui était « sélectionné ». Reste bien sûr à le remplacer. Mais ceci est une autre histoire.

Est-ce ainsi que Dieu va régler ses comptes avec notre vieux monde ? Tout effacer, puis en réinventer un autre ? A vrai dire, le créateur a déjà fait cette expérience. Avec un succès mitigé toutefois. Après le déluge, les hommes ne se sont pas guéris de leur perversité et les larmes ont continué de couler.

Mais entre-temps est survenu un être exceptionnel, envoyé de Dieu, dont le programme n’étai pas de détruire notre vieux monde, mais de le guérir et donc de le sauver. Non pas le jeter à la poubelle, mais tenter de le réparer et de le remettre en servie. Un travail de grand-mère d’autrefois qui savait raccommoder, rapiécer et repriser ou de cordonnier de village qui mettait son zèle et son art à ressemeler nos galoches usées. Nous n’avions pas le cœur à les jeter. Et l’argent aurait manqué pour les remplacer.

Le Jésus du troisième évangile – celui de Luc – se comporte comme nos grands-mères et nos anciens cordonniers. Il ne jette rien à la poubelle et récupère ce que d’autres jugent sans valeur. Il ne désespère de personne, même pas du brigand mis en croix à ses côtés. Il court les montagnes à la recherche d’une brebis égarée et la ramène au bercail juchée sur ses épaules. Il annonce le Royaume déjà présent et agissant au milieu de nous. Comme le grain de blé dans la terre, des germes de résurrection sont enfouis dans les cœurs de humains. Semis de vie éternelle qui poussent en silence, envers et contre tout, entre ronces et épines, sécheresses et inondations.

Vous l’aurez compris. Ma préférence va au Jésus des évangiles. Ce choix me coûte du travail et de la peine bien sûr, mais il me réconforte, malgré quelques déceptions inévitables, Mieux vaut s’engager dans ce qui est encore réparable et améliorable que rêver à un chamboulement illusoire qui remettrait les compteurs à zéro.

Je comprends que les souffrances des persécutés dont l’Apocalypse traduit le cri puissent les amener à désespérer du temps présent pour imaginer un futur de rêve. Pourtant, je veux croire à ce lien mystérieux qui relie ce monde à un autre que je ne perçois pas encore. Pas de solution de continuité entre ce que fut la vie de Germaine dont le corps inanimé git devant moi et l’éternité dans laquelle elle vient d’entrer.

En un mot comme en mille, je fais mienne la formule d’un chrétien anonyme persécuté à la fin du 2ème siècle : « Si noble est le poste que Dieu a assigné aux chrétiens, qui ne leur est pas permis de déserter » (Lettre à Diognète, 6,9).

Une consigne très forte qui devrait particulièrement résonner à nos oreilles « chrétienne » en cette période de pandémie.

Un détail du « Jardin des délices » de Jérôme Bosch, entre 1494 et 1505. Wikipédia.

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