Saint Joseph reprend du service

Notre pape François, toujours surprenant, veut faire de 2021 une Année Saint-Joseph. Je cueille cette nouvelle sur un media catholique.

Le journaliste affiche un sourire gentil, assorti d’une once d’indulgence. Comme s’il voulait réagir à une question saugrenue posée par un enfant. « Saint Joseph ? Pourquoi pas ? Je n’y avais pas songé ».

Oui. Pourquoi pas ? Je me le suis aussi dit, moi qui, comme mes ancêtres et compatriotes fribourgeois, fus qualifié (?) de « dzodzet » par nos voisins vaudois. Entendez, un benêt inoffensif, lourd et borné, incapable de prendre la moindre décision sans consulter son curé. Ou alors, comme le Joseph de l’histoire, le dindon d’une farce dont il est le dernier informé.

Mais les temps changent et les Fribourgeois se moquent de ceux qui voudraient aujourd’hui les réhabiliter. De même, des connaissances bibliques plus approfondies ont rétabli dans sa dignité l’époux de Marie. Celui qui n’était prié que comme « patron de la bonne mort » est reconnu comme un acteur important de l’histoire du salut.

Je veux toutefois retenir de Joseph l’image de la tendresse. Comme tant de peintres et sculpteurs médiévaux ont su le représenter.  Penché sur la crèche, en retrait et silencieux, Joseph laisse transparaître une bonté intérieure, prude et délicate, qui n’a pas besoin de grands mots ou de gestes larges pour s’exprimer.

De la tendresse ! J’entendais ces jours derniers quelqu’un qui en faisait le plaidoyer. Quand l’effusion et les caresses physiques ne sont plus permises, que reste-t-il sinon la tendresse du regard, celle du geste et celle des mots qu’on se dit ou s’écrit, sans oublier ceux que l’on tait pour ne pas se faire souffrir.

Saint Joseph au chômage en ce temps de « distanciation » pandémique ? Détrompez-vous. Il a tant de choses à nous apprendre.