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Simon le boiteux

  • Fr. Guy

L’Essentiel de Noël

« Il est encore temps pour te souhaiter une belle nuit de Noël. Quels adjectifs trouver pour ne tomber ni dans la mièvrerie ni dans le trop habituel. Je cherche comment il faudrait parler de Noël et je prie pour être éclairé là-dessus. Auras-tu à prêcher ? A parler de l'irruption de cette nouvelle ère ? Les chants traditionnels disent-ils l'essentiel ? »

Je reçois au midi du 24 décembre ce message d’un cher et vieil ami. Oui, je devais prononcer l’homélie de la septième messe de Noël célébrée dans notre église St-Paul. Covid-19 oblige ! Qu’aurais-je pu ajouter à tout ce qui avait été déjà dit ?

Mon ami, autant que moi, se fatigue des clichés et des pieuses ritournelles débitées par des fonctionnaires du culte verbeux et lassants. Pour éviter ce piège, il m’indique une piste originale : les « chants traditionnels » que le coronavirus nous interdit de chanter à pleine voix cette année dans nos églises. Selon lui, ils diraient l’essentiel ?

Je fredonnais à cet instant un Noël des années 30 appris dans la classe de mon père, le régent du village. J’en retrouve les paroles dans un chansonnier poussiéreux sur un rayon oublié de ma bibliothèque. Il est question d’un certain Simon, vieux berger de Bethléem, boiteux traînant la patte derrière une cohorte de jeunes collègues sportifs et fringants. Le boiteux arrive enfin à la crèche « fatigué, minable », trouble-fête au milieu d’un concert orchestré par les anges.

 

Un éblouissement me saisit. Ce chant, c’est l’Evangile tout crû ! Des traînards, des cabossés et des trouble-fêtes, toutes ses pages en sont pleines. A commencer par ce nourrisson qui vagit dans une mangeoire. Les derniers deviennent premiers, les malpropres sont lavés, les adultères pardonnés. Le pauvre Simon n’est pas le seul à ouvrir le porche de cette cour des miracles. Jetez donc un œil au-delà de vos jardins et parvis !

Ma chansonnette m’apprend que c’est Marie, la mère, qui détecte l’incongru et invite le perclus à s‘approcher de Jésus. J’aurais dû m’y attendre. A Cana, elle prévient la gêne des nouveaux époux et au Calvaire, la Pietà reçoit dans ses bras ce qui reste du « maudit pendu sur le bois ». Consolatrice des affligés, Marie tient déjà son rôle dans la nuit de Noël.

La dernière strophe est sublime. Simon n’a que sa pauvreté à offrir à l’enfant, une peau de mouton qui lui sert de « parure ». Le voici nu, sans masque ni chalumeau à la ceinture. Sans or, ni myrrhe et pas le moindre grain d’encens. Marie s’en servira pour tisser « la robe sans couture ». De la crèche à la croix un seul et même cheminement.

Le sacrifice de l’agneau joint à celui du pauvre sauve le monde.

Les Boiteux, Pieter Bruegel l'Ancien, 1568. Wikipédia.

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