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Tarde te novi !

  • Fr. Guy

La beauté de Dieu

Les funérailles d’une amie qui fut ensevelie trois jours après la fête d’Augustin d’Hippone ont réveillé en moi une fameuse sentence extraite des célèbres « Confessions » de l’évêque-théologien : « Je t’ai connue tard – tarde te novi – ô Beauté ancienne et nouvelle ».

Augustin regrettait-il le temps perdu de sa jeunesse passée loin de Dieu ? Du moins, loin du Dieu de sa mère Monique et de l’évêque Ambroise qui le baptisa. Ces mots évoquent-ils une conversion morale trop tardive ou se réfèrent-ils à une découverte spirituelle d‘une âme déjà bien ancrée dans la réflexion théologique ?  

Le plus surprenant est que cette amie défunte passa toute sa vie professionnelle à enseigner le latin dans un collège renommé genevois et qu’elle avait un plaisir fou à faire découvrir à ses collégiens et collégiennes son grand ami qui avait nom Augustin. Il m’est arrivé d’en rencontrer quelques uns, toujours respectueux envers leur ancienne professeure, si ce n’est un léger sourire narquois sur leurs lèvres indiquant qu’ils ne partageaient pas forcément ses convictions profondes. Mais, comment aurais-je pu le savoir et en avoir le cœur net ? J’avais assez à me débattre avec le retentissement dans ma personne et mon histoire de la déclaration d’Augustin.

Augustin faisait-il allusion à mes propres allers et retours face à ce Dieu si souvent adoré et si vite oublié ? Comme si l’ancien et le nouveau se bousculaient dans mon expérience spirituelle, si commune à la Bible et à tout humain où s’enchevêtrent idolâtrie, repentir et conversion.

Mais il y a plus encore chez Augustin. Que Dieu se fasse reconnaître comme vrai et bon, tout le monde le prétend, l’affirme ou alors le nie. Mais qu’il soit « beau », voilà un prédicat auquel l’univers religieux ne nous a guère habitués. Que son savoir soit sans limite et qu’il nous aime à la folie, passe encore. Mais que Dieu soit encore « beau », voilà qui nous défie et fait dévier notre foi en mythologie. Ce n’est pas le chemin pris par Augustin qui rejette par ailleurs les superstitions et les représentations de l’ancienne religion romaine. Mais pour lui, l’éclat du visage divin et celui de ses œuvres dépassent tout ce qu’un artiste humain pouvait imaginer et créer. 

Je veux lire ces propos augustinien dans le « Laudato si' » des deux François, celui d’Assise et celui de Rome. L’éloge d’une beauté que la guerre et la mort ne parviennent pas à altérer. Rien de plus beau qu’une mort sereine et acceptée. Rien de plus beau que des ennemis qui se tendent enfin la main.

Et j’oses tenter ce paradoxe : rien de plus beau qu’un Christ en croix, inclinant sa tête pour dire que tout est désormais achevé.

Saint Augustin (détail) par Philippe de Champaigne, vers 1645. Wikipédia.

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Commentaires :

  • user
    02/09/2023 à 21:57