Un revenant théologien

Claude Geffré OP :  Dire Dieu dans l’histoire. Recueil d’articles et de textes inédits, rassemblés et édités par Bruno Demers. Éditions du Cerf 2024, 248 pages. Le frère dominicain canadien Bruno Demers fut le dernier doctorant dont la thèse fut dirigée ou supervisée par le frère Claude Geffré (1926 – 2017). L’auteur de ce livre, professeur associé à la Faculté de théologie et de science religieuse de l’Université Laval à Québec, eut la bonne idée de rassembler puis de publier plusieurs contributions inédites provenant des archives de son maître parisien auxquelles s’ajoutent d’autres œuvres peu connues du grand public.

On savait Claude Geffré spécialiste de l'herméneutique ditestravail de thèse fut dirigé par le frère Claude Geffré ( 1926 -i le "  estguéri roblèmes.dont ecialiste de l'herméneutique théologique et de la spécificité chrétienne dans l’univers des religions. Mais il est bien d’autres domaines qu’il marqua de sa fine intelligence. Pendant des années, cet intellectuel fut « régent » des études entreprises par les jeunes frères dominicains de la Province de France à qui il enseignait non pas la théologie dominicaine, mais l’art dominicain de faire de la théologie. Ce qui est bien différent.

Le recueil publié par Bruno Demers se divise en quatre parties et recouvre des textes de tonalité et de genres différents. Certains sont très accessibles, d’autres plus ardus selon la diversité des sollicitations auxquelles répondait Claude Geffré.

Le titre de ce recueil reprend celui d’un article de Geffré paru en 2002 dans l’Encyclopédie des religions, intitulé déjà : « Dire Dieu dans l’histoire ». Comme l’écrit Demers, Geffré est d’abord « le théologien de la prise en charge de l’histoire dans notre approche de Dieu et de la Révélation chrétienne ». Une pensée développée par l’Ecole dominicaine du Saulchoir illustrée par les frères Marie-Dominique Chenu et Yves Congar. Ce blog a consacré une longue recension de la biographie de chacun de ces deux théologiens écrite par l’historien Etienne Fouilloux. Nos lecteurs peuvent s’y référer. Claude Geffré ne fait que développer leur intuition qui fut une des sources de la Constitution conciliaire « Gaudium et Spes ». Déchiffrer le projet historique de Dieu sur l’humanité, c’est aussi participer au ministère prophétique de l’Eglise qui guette les signes des temps du dedans de l’histoire.

Bruno Demers reconnaît la pertinence contemporaine de cette mission, alors qu’on perçoit de nos jours des relents de théologie préconciliaire qui nous éloignent de notre monde. Claude Geffré se demande, comme ces deux devanciers, quelle est la meilleure façon de parler de Dieu avec les mots et les pratiques d’aujourd’hui pour que l’évangile advienne.

Même s’il arrive à Demers d’affirmer parfois que Geffré fut un « théologien généraliste », il reconnaît sa rigueur et son souci de développer une compréhension de la foi qui soit intelligible, engageante et révélatrice pour aujourd’hui. Les lecteurs de ce recueil pourraient en apporter la preuve.