Une Irlandaise nonagénaire en tenue de combat !

J’ignorais jusqu’au nom d’Edna O’Brien quand la RTS fit allusion à « Girl », le nouveau roman de cette écrivaine irlandaise nonagénaire, traduit et paru aux Editions Sabine Wespieser ce mois de septembre 2019.

Un journaliste en présenta l’intrigue qui suffit à m’intéresser à cette œuvre.

L’auteure universellement connue – et je prends la mesure de mon inculture ! – a choisi comme héroïne de son roman une jeune collégienne enlevée au Nigéria par les djihadistes de Boko Haram et qui parvint à s’enfuir de leur camp et trouver au terme d’un calvaire dont je me refuse à décrire l’horreur « un instant d’espoir et de bonheur sans mélange ».

Ce roman se veut un hommage au courage de la femme bafouée et violée, à son désir tenace de vivre, même si elle porte dans son sein et dans ses bras un enfant dont elle reconnaît n’être « pas assez grande pour être sa mère ».

Pour Edna O’Brien, le pire, si on ose dire, ne sont pas les humiliations, les brimades et les sévices des djihadistes, mais l’accueil méfiant et hostile du clan familial quand la rescapée finit par le retrouver. Oncle, sorcier, mère et cousine vont jusqu’à fomenter la suppression de son enfant supposé maléfique.

En écrivant ces lignes, la romancière dut se souvenir de son Irlande natale qui interdit la venter de ses livres quand elle dénonçait le statut humiliant imposé aux femmes de son île.

Un livre de combat plutôt qu’un reportage froid et anonyme. Actuel aussi. Comment ne pas songer au sort des enfants orphelins d’Irak ou de Syrie nés sous la contrainte du Daesh islamique et que les pays dits civilisés refusent d’accueillir. Pour ne pas être contaminés.