Université dominicaine au cœur de l’Afrique

On ne le sait pas ou on l’a oublié : les Dominicains suisses ont été impliqués à Butare (Rwanda) avec leurs frères canadiens dans la création et le développement de l’Université Nationale du Rwanda (UNR) au cours des années 60 et 70 du siècle dernier.

Une opération audacieuse et prophétique, magistralement conduite par le fr. Georges-Henri Lévesque o.p. (1903 – 2000) qui avait déjà fondé la Faculté des Sciences Sociales de l’Université Laval à Québec.

Créée d’abord pour héberger les Facultés de médecine, de lettres et des sciences sociales, cette université nationale aurait dû un jour héberger un Institut de Théologie et de Philosophie.

Projet sans lendemain, vu l’opposition des évêques craignant pour la survie de leurs grands séminaires, mais surtout suite au pogrome de 1973 qui expulsa de l’université les étudiants et les cadres appartenant à l’ethnie tutsi. Cet événement malheureux entraîna le retrait des Dominicains de l’UNR.

[Extrait d'un film documentaire intitulé « L'indépendance. Dix ans après » de 1972 — le rédacteur] :

Grâce à la ténacité de trois frères qui refusèrent de quitter le pays, l’accueil de candidats à la vie dominicaine se poursuivit depuis Kigali, là où le trio s’était installé depuis son départ de Butare[1].

L’arrivée de nouveaux frères suisses et canadiens permit à la petite graine africaine de se multiplier pour former aujourd’hui un groupe de Dominicains en pleine expansion au Rwanda et au Burundi voisin.

Depuis quelques années, les frères natifs de ces deux pays sont les seuls à être présents sur leurs terres et prennent sérieusement en main l’avenir de leur mission dominicaine.

Ils viennent de s’engager dans la création d’une université dominicaine, très novatrice sur le plan informatique, et qui débutera en 2021/2022 par la mise en place d’une faculté de théologie et de philosophie pour répondre d’abord à la demande de leurs propres candidats, mais aussi à ceux des autres entités dominicaines de plus en plus nombreux en Afrique.

Belle façon de faire revivre le rêve de leurs pionniers.

[1] L’histoire de cette « refondation » a été relatée dans le livre du frère Guy Musy : Sous le soleil de midi. 1970 -1980. Editions La Sarine, Fribourg 2013.